L'UNION DES ETUDIANTS JUIFS DE FRANCE,
LE MRAP ET LA LICRA
VEULENT CENSURER COSTES SUR INTERNET!?!


LE PREMIER PROCES (1997)

dimanche 16 mars 1997 : la ligue contre le racisme et pour l'amitie entre les peuples (LICRA) demande par e-mail a Costes de retirer de son site des textes qu'elle juge "racistes".

E-mail de la LICRA :
Madame, monsieur,
le contenu de la page web: http://altern.com/costes/cd0406.htm, et qui est sous votre responsabilite fait reference a des valeurs qui me choquent. Je ne connais pas vos motivations, mais la presentation de votre site peut porter a confusion. Ainsi, dans la mesure du possible, je sollicite de votre part la modification de cette page afin d'effacer tout propos raciste. Merci de votre comprehension.
Franck LEVY
Ligue contre le racisme et l'antisemitisme.


E-mail en reponse de Costes :
Monsieur, il est vrai que le texte dont vous parlez est affreux et choquant mais il ne s'agit pas d'un texte politique ni en aucune facon de l'expression de mon opinion, mais de paroles d'une chanson qui ne fait que poser a plat une fantasmagorie qui malheureusement existe, au moins dans les recoins les plus recules de notre cerveau, du votre comme du mien, comme de celui des racistes.
Comme un roman, comme un film, comme toute forme d'art, une chanson peut exprimer les pires horreurs comme les plus grands bonheurs, et je considere qu'il est de mon devoir et mon honneur d'exprimer toutes les facettes de l'humanite.
En sachant le mal qui est au fond de l'homme, on le combattra mieux, surement plus qu'en se voilant la face. En consequence je refuse de me censurer moi meme.
J'espere que vous pouvez comprendre ma position et il serait plus utile de vous attaquer aux racistes reels qui s'affichent partout et agissent plutot qu'a l'artiste qui expose leur monstruosite et leur betise flagrante.
Costes

mardi 18 mars : l'avocat de la LICRA appelle le provider internet de Costes (altern.org) pour lui demander de retirer son site. Le provider, attache a la libre expression, refuse.

mercredi 19 mars : l'avocat de l'union des etudiants juifs de france appelle le provider pour lui demander de couper le site de Costes et le menace de porter plainte contre lui s'il refuse.

jeudi 20 mars : l'avocat de l'union des etudiants juifs de france appelle le bar Abadidon ou doit avoir lieu le prochain show de Costes pour lui demander d'annuler le spectacle qui contiendrait "deux chansons racistes" et le menace egalement de poursuites judiciaires.

vendredi 21 mars : l'avocat de l'union des etudiants juifs de france envoie fax et lettre recommandee AR a Costes et Altern.org afin de les sommer de modifier le web de Costes sous huit jours, apres quoi il entamera une action en justice contre eux.

Lettre de Maitre Stephane Lilti, avocat de l'U.E.J.F. :
Monsieur, j'interviens aupres de vous en ma qualite de conseil de l'Union des Etudiants Juifs de France, association ayant pour objet statutaire de lutter contre le racisme et l'antisemitisme sous toutes ses formes.
Le site Web reference en objet, qui vous est propre, que vous alimentez et qui demeure ouvert au plus large public, specialement francais puisque vous y annoncez vos prochains concerts, expose de multiples ecrits outrageusement racistes, tombant a l'evidence sous le coup de la loi.
Je vous laisse le soin d'en tirer toute consequence utile a la preservation de vos droits.
Pour ce qui concerne ma cliente, vous voudrez bien m'indiquer par retour les mesures que vous comptez prendre pour mettre un terme immediat au trouble d'une exceptionnelle gravite que vous provoquez.
A defaut de ce faire sous huitaine, je reprendrai mon entiere liberte d'action.
J'interviens en ce sens aupres de votre fournisseur d'acces.
Je n'omet pas de vous demander de me transmettre d'urgence les coordonnees de votre avocat.
Je vous prie d'agreer, Monsieur, l'expression de mes salutations distinguees.
Stephane Lilti"

Lettre en reponse de Costes :
Maitre Stephane Lilti, j'ai bien recu votre fax du 21 mars 1997.
1) Je ne suis ni raciste ni antisemite. Tout dans les actes de ma vie le prouve et je trouverai sans peine de tres nombreuses personnes de toutes races et opinions pour en temoigner.
2) Je n'ai jamais fais partie d'aucun mouvement politique ou association d'aucune sorte, mon activite restant strictement artistique.
3) Mon site web ne presente que mes activites artistiques : musique, spectacles...Les paroles de mes chansons (comme tout art) ne sont que des representations, des fictions, et non des opinions reelles.
S'il est vrai que certains textes sont choquants, ils ne font que representer l'aspect mauvais de l'humanite, sans parti pris, d'autres textes representant l'aspect positif- Je remarque ici que vous omettez de parler de mes chansons d'amour!!! -
4) Enfin, je vous prierais de bien vouloir cesser de me diffamer aupres de mon provider internet, d'organisateurs de spectacles, ou de quiconque, car je n'ai jamais insulte votre cliente que je ne connais pas.
Jean-Louis Costes

Lundi 24 mars : Altern.org et Costes recoivent la lettre-ultimatum de l'avocat de l'U.E.J.F. : 8 jours pour se plier aux exigences de l'U.E.J.F.!

Mardi 25 mars : Costes est invite dans une emission de la radio Frequence Paris Pluriel pour informer de cette tentative de censure. L'animateur de l'emission, par ailleurs webmaster de Paramonde, web qui regroupe des artistes independants dont Costes, se declare solidaire d'Altern.org et Costes dans cette affaire et refuse de retirer le lien qui lie Paramonde au web de Costes. Il ajoute que, bien qu'etant juif et l'assumant pleinement, il est oppose a toute tentative de detournement de la loi anti-raciste par l'U.E.J.F. pour censurer Costes.

Mercredi 26 mars : Des webmasters au Japon, aux USA et en France proposent d'heberger gratuitement le web de Costes a l'etranger au cas ou il serait censure en France.

Fin mars, debut avril : Costes met a la disposition de tous sur son site toutes les informations concernant cette affaire : echanges d'e-mails, courriers et fax avec l'uejf. Les reactions a cette tentative de censure s'accumulent sur la page "reactions" du site de Costes, exprimant toutes sortes d'opinions et de sensibilites, sans aucune censure.

Lundi 7 avril 1997 : A la suite d'un article sur Costes paru dans Liberation du 4 avril, l'avocat de l'uejf appelle le journal pour protester. Des journalistes du journal visitent le web de Costes et se disent choques. La journaliste qui a ecrit l'article essuie des reproches. Il est convenu avec l'uejf qu'un "rectificatif" sera publie dans un prochain numero...L'avocat de l'uejf fait donc pression sur la presse pour qu'ils ne parlent pas de Costes!

Mardi 8 avril 1997 : Altern et Costes recoivent par huissier l'annonce de leur assignation par l'uejf devant le Tribunal de Grande Instance de Paris (audience du 11 juin - 13h30 - 1 bd du palais - paris). Costes est assigne pour racisme et appel au meurtre et le provider du fait qu'il "assure la publication" des textes de Costes en l'hebergeant sur Internet.
Voici des extraits de la requete de l'avocat de l'uejf contre costes : "l'autorisation d'assigner...est requise compte tenu de l'extreme urgence que revet la cessation du trouble d'une extreme gravite provoque par la mise a disposition publique de messages a caractere raciste sur le reseau de communication internet...La page de presentation du site s'ouvre sur une croix gammee dont les bras clignotent...Monsieur Jean-Louis Costes a place sur son site trois des chansons composant son album "livrez les blanches aux bicots": "blanchette, tapette a bicots", "apprenez le caniveau aux bicots", "les races puent"...ces ecrits, exposes au public sans la moindre restriction, expriment une commune provocation au racisme, que revendique d'ailleurs leur auteur sur le meme site web, dans un texte "je hais les races" : "une nuit des skins m'ont telephone pour me dire qu'ils venaient de tuer un pakistanais apres avoir ecoute "livrez les blanches aux bicots" et que, quoi que je pretende pour me laver les mains de ce crime, j'en etais responsable puisque c'etait mes paroles qui les avaient decides a passer a l'acte..." On ne saurait mieux definir le trouble manifestement illicite que constituent, au dela de la publique expression d'un racisme ordurier a relents scatologiques, les appels au meurtre sciemment reproduits par Monsieur Jean-Louis Costes..." etc...etc...Un visiteur attentif et honnete du site de Costes s'apercevra que les accusations insultantes de l'avocat de l'uejf sont fondees sur des inexactitudes et des contresens. On supposera qu'ils sont dus a l'ignorance ou a la distraction et non a la mauvaise foi...
Pour finir, l'avocat de l'uejf demande au Tribunal d'obliger Costes et Altern a retirer les textes qui ne lui conviennent pas de ce site "sous une astreinte comminatoire de 10000f par jour de retard et par infraction constatee", et de les condamner au paiement de la somme de 10000f et aux entiers depens; l'uejf se reservant le droit de solliciter l'entiere reparation du prejudice subi devant les juridictions penales.
Bref, l'Union des Etudiants Juifs de France veut casser Costes en le censurant et le ruinant. Mais, comme Costes n'a ni audience ni argent, il n'a rien a perdre et tout a gagner dans ce proces!
A moi la Gloire, a eux le Ri-di-cule !

Mardi 14 avril 1997 : Lancement de la petition en faveur de Costes dont voici le texte ( que vous pouvez recopier et faire signer avec nom, activite, adresse et telephone) :
"Nous soussignes, affirmons par la presente connaitre le travail de Jean-Louis Costes, tant discographique que scenique. : il s'agit d'une production artistique originale representant sous des formes theatrales les divers aspects de la nature humaine tant dans ses aspects positifs que negatifs ( comme le CD "livrez les blanches aux bicots"), et non d'une demarche politique ou d'un expose de ses opinions.
C'est pourquoi, comme le confirmerons tous ceux qui le connaissent personnellement, Jean-Louis Costes ne peut en aucun cas etre soupconne de racisme et d'antisemitisme."

Mercredi 15 avril 1997 : Des lettres de soutien de personalites des milieux artistiques independants et underground commencent a parvenir a Costes. Ce sont des defenses argumentees de l'oeuvre de Costes et de la necessaire libre expression dans l'art en general. Elles seront jointes au dossier de la defense.

Vendredi 17 avril : Maitre Thierry Levy, l'excellent defenseur de Vuillemin dans son proces pour la bande dessinee "Hitler=SS", accepte d'assurer la defense de Costes.

Mercredi 30 avril : Au cours d'une reunion informelle d'internautes heberges par Altern, qui avait pour objet d'examiner les possiblilites d'action sur Internet pour soutenir Altern et Costes, Thierry Meyssan, animateur du "Reseau Voltaire pour la liberte d'expression", declarait considerer Costes "irrecuperable" et "indefendable".

Vendredi 2 mai 1997 : Un article sur cette affaire parait dans Le Figaro. Le meme jour des messages provocateurs racistes affluent sur le forum de Costes, ainsi qu'un message de menace de l'extreme-gauche, provoquant la confusion parmi les visiteurs. Conscient que ces messages seront utilises par l'uejf contre lui, Costes les retire de son forum et publie la mise au point suivante :
"L'uejf essaye de me faire passer pour un raciste et il semblerait qu'elle y reussit...aupres des racistes!
Je rappelle une fois encore que je ne suis pas raciste : de fait, je hais toute forme de discrimination sociale, raciale ou autre. Je ne juge un individu qu'en fonction de SES ACTES, et en aucun cas en fonction de ses origines ou appartenances.
C'est pourquoi je meprise celui qui agresse autrui a cause d'elements independants de sa volonte comme son physique, ses origines ethniques, sociales, culturelles ou tout autre critere.
Et je meprise tout autant celui qui se definit lui-meme par rapport a ses propres appartenances ou origines. Etre fier de sa "race" est tout aussi meprisable que de hair les autres "races".
Le sentiment d'appartenance est a la base du racisme. A partir du moment ou on se pretend different des autres, on prepare surement le terrain pour un conflit avec ces autres : c'est ineluctable.
Je ne crois pas a une entente harmonieuse entre les races; je ne crois qu'a un respect mutuel entre individus qui s'assument et se definissent eux-memes.
Je hais donc definitivement les "races", toutes les "races", toutes les minables categories collectives ausquelles s'accrochent des myriades de laches qui ne veulent pas admettre qu'ils sont nes seuls, vivront toujours seuls et mourront seuls.
Et je hais tout particulierement ma "race", car c'est en son sein que j'ai souffert de ces carcans collectifs.
Penser cela ne rend en rien misanthrope,au contraire : je respecte et j'aime l'autre parce que je sais qu'il est comme moi lance seul au hazard dans le monde, et j'apprecie sa trajectoire en connaisseur.

PS : je sais que l'uejf, association qui recrute statuairement ses membres en fonction de leur identite collective, utilisera les messages racistes qui parviendront sur ce forum pour me discrediter. Ce qui renforce ma croyance : le "racial" et le "raciste" sont les deux masques du meme monstre.

Lundi 5 mai 1997 : Un article sur cette affaire parait dans Marianne. L'article, fort malveillant, est visiblement repompe vite fait sur celui paru dans le Figaro le 2 mai. Consequence : le show de Costes a Bruxelles, prevu pour le 23 mai, est annule. Le proprietaire de la salle a pris peur, a la lecture de cet article...
Costes demande un droit de reponse au journal.

Mardi 6 mai 1997 : Dans l'emission de Frequence Paris Plurielles "Corpus occasionnels", Alexandre Benamou, membre du Parti Radical et webmaster du site internet de ce parti, portait le jugement suivant sur Costes (sans avoir vu son site, se basant sur des ouies-dires) : Prendre ce jeune homme qui fait du hard-rock trash au premier degre, c'est, un, lui donner beaucoup plus de pub qu'il ne merite, et, deux, c'est aller emmerder un type qui etait en train de s'amuser dans son coin et qui n'avait pratiquement aucune audience. L'uejf a transforme ce type en martyr pour ceux qui pensent reellement ce qu'il presentait sur son site. Je ne suis pas sur que ce soit vraiment un nazi, ni un fasciste profond; je crois simplement que c'est un type un peu bete qui a sorti des inepties sur son site juste pour faire de la provo, et l'uejf est tombee dans le panneau...

Mercredi 7 mai 1997 : L'emission multimedia de Leon Marcadet sur Radio-Nova est consacree au proces, sur le theme "inquisition sur internet"

Samedi 10 mai 1997 : Christian Lancon, candidat independant aux legislatives dans la deuxieme circonscription de Paris (arrondissements 5e et 6e sud) defend Costes dans son programme en ces termes : "Respect de la liberte d'expression aujourd'hui menacee , comme en temoigne l'inique proces intente au celebre artiste Costes".

Lundi 12 mai 1997 : Un forum de discussion sur ce proces est ouvert sur fr.network.internet. Parallelement, ce proces relance la polemique dans les milieux Internet et au sein de l'A.U.I. sur l'utilite d'une instance d'autoregulation de l'Internet

Mardi 13 mai 1997 : Dans ses emissions sur Radio Libertaire et Frequence Paris Plurielles, Tristan Edern Vaquette dit : "L'imposture c'est de s'afficher anti-fasciste et de faire un proces a Costes"

Mercredi 14 mai 1997 : Jean-Yves Bernier de l'Association des Utilisateurs d'Internet envoie un communique de presse sur le forum fr.network.internet, dans lequel l'A.U.I. se distance au maximum de Costes, allant jusqu'a ne pas citer son nom alors qu'il est le principal accuse dans cette affaire! L'A.U.I. defend les interets des providers, mais pas ceux des editeurs de sites webs...
Voici le texte du communique :
Affaire ALTERN/UEJF - Communique de presse de l'AUI - 13/05/97
L'Union des Etudiants Juifs de France (UEJF) assigne devant le TGI de Paris un auteur-compositeur pour diffusion de propos racistes sur le web, conjointement au gerant de la societe ALTERN qui en assure l'hebergement.
Invoquant une version preliminaire du Code de l'Internet; propose par la commission BEAUSSANT, l'UEJF fonde sa poursuite de la societe ALTERN sur la these qu'un autre acteur de l'internet est egalement responsable, soit qu'il participe activement au contenu en cause, soit s'il refuse d'agir quand il ne peut ignorer l'existence du contenu en cause, ce qu'a fait la societe ALTERN en refusant de mettre un terme immediat au trouble denonce.
L'Association des Utilisateurs d'Internet (AUI) tient a faire remarquer que le caractere raciste des paroles du chanteur fait l'objet d'une controverse; que malgre le caractere choquant et provocateur des paroles en question, il n'est pas du ressort du fournisseur d'hebergement de juger cette question que seul un tribunal peut trancher.
Par consequent, sans contester le bien-fonde des poursuites de l'UEJF envers le chanteur, l'AUI qualifie d'abusive sa poursuite envers un fournisseur d'hebergement, au meme titre qu'etait abusive sa precedente action envers les fournisseurs d'acces (Calvacom, Eunet, Axone, Oliane, Compuserve, Francenet, Internetway, GIP Renater, Imaginet, refere UEJF 15 mars 1996).
L'AUI affirme qu'hebergement et acces sont deux prestations techniques, automatiques, complementaires et indissociables dans le fonctionnement du World Wide Web, que ni l'un ni l'autre des prestataires n'a les competences ni surtout la mission de se prononcer sur la legalite des informations qu'il transporte, ainsi que l'a deja exprime le juge des referes: "La liberte d'expression constitue une valeur fondamentale, dont les juridictions de l'ordre judiciaire sont gardiennes et qui n'est pas susceptible de trouver des limites, que dans des hypotheses particulieres, selon des modalites strictement diterminees".
L'AUI soutient la decision courageuse d'ALTERN qui a refuse de se poser en juge de la liberte d'expression de son client, tout en assumant le fait qu'il devait rendre des comptes a la societe pour son choix et s'expliquer sur sa non-complicite ou sur sa non-responsabilite.
L'AUI voit dans cette affaire une illustration des raisons qui la conduisent a refuser le code Beaussant, jugeant dangereux pour la liberte d'expression un texte qui ne refleterait que la vision d'un consortium d'editeurs telematiques et du GESTE (Groupement des Editeurs de Services Telematiques) et en aucun cas le consensus des acteurs de l'Internet.
Note: Nous rappellons ci-dessous les references des divers documents AUI en relation avec les faits cites. L'AUI se tient a la disposition des parties afin de leur apporter son temoignage.
La jurisprudence (entre autres decision UEJF) :
http://www.aui.fr/Groupes/GT-RRS/jurisprudence.html
Le dossier UEJF (premiere affaire) :
http://www.aui.fr/Groupes/GT-RPS/UEJF/uejf.html
Le dossier commission Beaussant :
http://www.aui.fr/Dossiers/Commission-Beaussant/presentation.html
Association des Utilisateurs d'Internet


Jeudi 15 mai 1997 : Costes envoie un e-mail a l'A.U.I. pour leur demander leur soutien:
Je m'appelle Costes, je suis musicien et performer depuis 1988 et j'ai fait mon site web (http://altern.com/costes) pour informer sur mes oeuvres depuis juillet 1996.
Je suis actuellement assigne par l'uejf pour "racisme et appel" au meurtre" a cause de paroles de mes chansons publiees sur mon site.
Bien que j'ai explique a l'uejf ma demarche strictement artistique qui vise, comme le disait George Bataille au proces Sade/Pauvert de 1956, a "explorer l'abime d'horreur qui est en nous, abime d'horreur qu'il est du devoir de l'artiste d'explorer", cette association persiste a faire passer le contenu "sensible" de mon site pour un contenu "illicite".
Si je perds ce proces, cela fera jurisprudence pour tous les utilisateurs internet français et facilitera l'adoption d'un code de l'internet version dure comme le souhaite l'uejf. J'espère que votre association me soutiendra dans ce combat.
Je peux comprendre vos reticences "morales" a defendre une oeuvre qui peut vous choquer. Mais pensez que c'est bien la la strategie de l'uejf de frapper un site "non consensuel" afin d'arriver plus facilement a ses fins. En effet, si aucune organisation defendant la libre expression ou les interets des internautes ne me soutient, sous pretexte que mon site ne leur convient pas...vous aurez alors, au cas ou je perdrais, laisse passer sans broncher une jurisprudence qui tot ou tard se retournera contre vous.
Et...au cas ou je gagnerais, car le contenu de mon site serait effectivement reconnu legal par la justice, car strictement artistique et seulement "sensible", alors toutes les organisations, dont la votre, qui auraient refuse de me soutenir, seraient definitivement discreditees aupres des internautes; car comment se fier a des gens qui parlent fort mais se defilent dans l'épreuve?

Vendredi 17 mai 1997 : Alain Hurtig de l'A.U.I. repond au e-mail de Costes :
Contrairement a ce que vous semblez redouter, l'Association des Utilisateurs d'Internet n'a nullement l'intention de prendre position contre vous dans la querelle judiciaire qui vous oppose a l'UEJF.
Le point particulier que souleve l'UEJF releve de problemes politiques, moraux, et peut-etre artistiques qui ne sont pas de notre ressort (ainsi que l'expliquent, par ailleurs, nos statuts).
En revanche, comme notre communique l'a bien exprime, il nous appartient de soutenir votre fournisseur d'hébergement, Altern. Nous sommes d'ailleurs rentre en contact avec lui, contacts qui se poursuivront.
Au dela de votre affaire, c'est tous les fournisseurs (et donc toute la liberte d'expression sur Internet) qui sont menaces : vous comprendrez donc que nous nous mobilisions sur ce point particulier.
Tres cordialement - Alain Hurtig
"Querelle judiciaire"?! Comment l'A.U.I. peut-elle ainsi qualifier le proces intente contre Costes par l'U.E.J.F. et renvoyer dos a dos accusateur et accuse?! Costes n'a aucune querelle avec l'U.E.J.F. dont il ne connaissait meme pas l'existence avant ce proces. Il ne s'agit pas d'une querelle mais d'une persecution et d'une tentative de censure de l'U.E.J.F. a l'encontre de Costes. L'A.U.I. le sait tres bien, mais fait semblant de l'ignorer afin de ne pas se "mouiller" a defendre un site sujet a polemique. Mais defendre la liberte d'expression, Monsieur Hurtig, ce n'est pas defendre son opinion, mais defendre toutes les opinions, dont celles, et surtout celles contraires aux votres. Ne vous autoproclamez donc pas Association des Utilisateurs d'Internet mais Association des Utilisateurs AGREES PAR NOUS d'Internet; cela serait bien plus conforme a votre attitude relle...
En termes feutres, l'A.U.I. confirme donc son refus de soutenir Costes, pour s'occuper uniquement de la defense du provider. En ecrivant "Au dela de votre affaire, c'est tous les fournisseurs (et donc toute la liberte d'expression sur Internet) qui sont menaces", l'A.U.I. pretend que la liberte d'expression sur Internet depend uniquement des providers et pas des webmasters. Elle privilegie le contenant sur le contenu et confond liberte de "circulation" et liberte "d'expression". L'A.U.I. lutte pour que les providers puissent faire CIRCULER librement l'expression et pas pour que les internautes puissent s'EXPRIMER librement. C'est le comble de l'hypocrisie, car a quoi bon faire circuler librement des expressions non libres?

Samedi 18 mai 1997 : Alex Braun, vice-president de l'uejf, intervient sur le forum fr.usenet.internet pour defendre la position de son association dans le proces contre Costes. Il PARIE que l'uejf va gagner son proces...(!?!?)
Monsieur Braun lance des paris! Monsieur Braun joue avec ma vie comme au "millionnaire"! Ce proces me ruine materiellement et moralement...Monsieur Braun s'amuse! Normal; lui, personnellement, il ne risque rien : 1) il attaque un faux-facho non violent, ce qui est bien moins risque que d'attaquer un vrai facho violent. 2) il ne paye pas ce proces avec son argent mais avec l'argent de l'uejf qui vient largement de subventions publiques.
Dans mon nouveau show, il y a une chanson que j'aimerais faire ecouter a Monsieur Braun : "les idealistes revent de beaute, les idealistes veulent tout nettoyer, les idealistes ne chient-ils jamais, les idealistes me font chier!"


Mardi 20 mai 1997 : Tristan Edern Vaquette, dans ses emissions sur Radio Libertaire et Frequence Paris Plurielles parle de l'affaire en ces termes : "Costes est assigne en justice pour "racisme ordurier a relents scatologiques" par l'uejf, qui, lorsqu'ils ne tapent pas a coups de bate de base-ball sur des skins ou sur des arabes, se distraient en faisant des proces a tous ceux qui osent, crime odieux a leurs yeux fascisant, proferer autre chose que la bouillie televisuelle premachee de l'idee dominante politiquement correcte. Ces champions du "on ne peut pas tout dire" pensent sans doute qu'il fut fort bien d'etre "resistant" en 44 quand tout le monde etait d'accord, et beaucoup moins bien aussi d'etre "terroriste" en 40, seul contre l'immense majorite. Je pense exactement le contraire. Si toi aussi, ami camarade fan, tu crois que la liberte d'expression ne souffre d'aucune restriction, soutiens Costes."

Mercredi 21 mai 1997 : Costes obtient un "droit de reponse" dans Marianne numero 4, suite a l'article qui le diffamait dans Marianne numero 2 :"Je tiens a preciser que je ne suis pas raciste. J'ai enregistre le CD "livrez les blanches aux bicots" a une epoque ou la problematique raciste s'est imposee dans les medias. J'avais alors pense qu'une oeuvre explorant les fantasmes sexo-racistes qui sous-tendent la montee de l'extreme-droite en France serait a la fois interessante et utile. Comprendre les mecanismes psychologiques du racisme pour mieux le combattre est essentiel. Ce disque n'est que le resultat de cette exploration mentale de l'horreur et en aucun cas l'expression de mes opinions. Je regrette que vous ainsi que l'uejf, ayez mal compris mon propos et j'espere que cette mise au point vous permettra, sinon de m'apprecier, au moins de me comprendre un peu."
Alors que la loi sur les "droits de reponse" impose de publier le texte dans son integralite, le texte original de Costes est coupe a deux endroits et modifie; et, au lieu d'etre dans la partie redactionnelle du magazine, il est place dans le...courrier des lecteurs!?! Decidement, Marianne n'est vraiment pas le journal honnete et impartial qu'il pretend etre...

Samedi 24 mai 1997 : Un article sur cette affaire parait dans "Le Monde" (date 25/26 mai) en page 34 du supplement multimedia.

Mardi 27 mai 1997 : La radio "l'eko des garrigues" de Montpellier diffuse une emission speciale sur le proces Costes.

Mercredi 28 mai 1997 : Un article sur cette affaire parait dans "Le Temps Irreparable".Cet article est envoye a de nombreux internautes, principalement a tous ceux qui comptent dans l'internet francais (providers, journalistes...) et a des anti-racistes. Il aurait ete ecrit par Serge Thion, un ex-gauchiste passe a l'extreme-droite, negationniste et antisioniste. Dans ce texte, l'auteur tente de recuperer cette affaire, qu'il considere comme une preuve de plus de l'influence nefaste des sionistes en France...Bien que jugeant nulle l'oeuvre de Costes, il prend sa defense, par antisionisme et...au nom de la liberte d'expression!

Samedi 31 mai 1997 : Une emission de Radio Alpa, au Mans, traite de cette affaire, et diffuse une interview de Costes sur son proces.

Dimanche 1 juin : Une interview de Costes sur son proces est diffusee sur la radio FMR a Toulouse.

Lundi 2 juin 1997 : Un article sur cette affaire parait dans "Nova Magazine" de juin

Mardi 3 juin 1997 : Un article sur cette affaire parait dans "Alexandre" de juin
(Alexandre est une revue litteraire independante)

Mercredi 4 juin : Un article sur cette affaire parait dans 101.

Jeudi 5 juin 1997 : Un article sur cette affaire parait dans "Planete Internet" de juin

Vendredi 6 juin 1997 : Publication sur Internet d'un important essai en anglais de Blake Ferris sur le proces Costes : "Faut-il fesser Costes?"
Cet essai est egalement disponible en francais sur ce site.

Lundi 9 juin 1997 : Un article sur cette affaire parait dans le magazine americain "Rollerderby" de juin, avec une interview de Costes.

Mardi 10 juin 1997 : Un article sur cette affaire parait dans "Internet Reporter" de juin

Mercredi 11 juin 1997 : Audience du proces Costes/Altern au Tribunal de Grande Instance de Paris : Dans une plaidoirie confuse, Maitre Stephane Lilti, avocat de l'uejf, tente desesperement de sauver ce qui peut encore l'etre dans un proces tres mal engage pour sa cliente, a cause de nombreuses erreurs techniques dans l'accusation. Il essaye egalement de faire accepter par le juge plusieurs nouvelles pieces dans le dossier d'accusation, alors qu'en principe, le choix fait par l'uejf d'une procedure d'urgence, lui interdit cette possibilite.
Puis Maitre Thierry Levy, avocat de Costes, dans un premier temps, demonte implacablement sur la forme l'accusation, avant de defendre magistralement le fond de l'affaire, la sortant des meandres judiciaires pour en faire sentir toute l'importance. Comparant ce proces a celui de Beaudelaire pour "Les fleurs du Mal" en ce meme lieu un siecle plus tot, il pose la question fondamentale de cette affaire : l'artiste qui exprime le mal est-il a l'origine de ce mal?
Enfin, les avocats d'Altern et de l'AUI chercheront a degager la responsabilite du provider internet, considerant que lui demander de controler les contenus des sites webs serait lui faire endosser un role de censure devolu a l'autorite publique, et serait en fin de compte dangereux pour la liberte d'expression puisque les providers, dans la crainte de poursuites penales, auraient tendance a couper abusivement.
Pour finir, le Substitut du Procureur de la Republique prenait la parole : il reconnaissait que les nombreuses erreurs techniques de l'accusation pouvaient conduire a la relaxe de Costes, mais , les textes lui paraissant racistes, il ordonnait une enquete penale. Cette enquete pourrait deboucher sur une inculpation au penal de Costes, au cas ou ses textes seraient consideres comme menacant l'ordre public.
Le jugement sera rendu le 9 juillet

Ce meme jour parait un article sur l'affaire dans "Le Nouveau Quotidien" de Geneve (Suisse).

LISEZ LA SUITE DE CETTE PALPITANTE AFFAIRE!

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Merci - Texte de Costes