Procès de Jean-Louis Costes, contre le Ministère public, l'UEJF (Union des étudiants juifs de France), la LDH (Ligue des droits de l'Homme), la Licra (ligue contre le racisme et l'antisémitisme) et le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), 22/11/00, 11ème chambre de la cour d'appel de Paris.
Notes d'audience de Gwenn
 

Début d'audience électrique
Interrogatoire de Jean-Louis Costes
Premier témoin : Jacques-Elie Chabert
Second témoin : Rachel
Plaidoirie du Ministère public, M. Bartoli
Plaidoirie de l'avocat de l'UEJF, Maître Lilti
Plaidoirie de l'avocat de la Ligue des droits de l'homme
Plaidoirie de l'avocat du MRAP
Plaidoirie de l'avocat de la Licra
Plaidoirie de Maître Thierry Lévy, avocat de Jean-Louis Costes
Intervention exceptionnelle du Ministère public
Les derniers mots reviennent au prévenu, Jean-Louis Costes


 
 

Début d'audience électrique


Il est impossible au public de rentrer, pour des "questions de sécurité", dit le Président, M. Charvet. Le Président refuse d'entendre les témoins, Jacques-Elie Chabert et Rachel. car "Il n'ont pas été cités"... "Les témoins ne comparaissent qu'avec l'accord préalable de la Cour".

Thierry Lévy (avocat de Costes) : "C'est une juridiction correctionnelle, il y a une absence d'autorisation formelle"
Président Charvet : "Vous voulez que nous les entendions en qualité de témoins ?"
Ministère public, M. Bartoli : "Selon l'article 447 (?), toutes les personnes peuvent être entendues lorsque aucune des parties ne s'y oppose. Cela dit elles ne peuvent avoir le statut de témoins."

L'audience est suspendue pour savoir si les témoins peuvent témoigner.

Des personnes du public sortent quelques chaises entassées dans un coin. Un gendarme s'oppose : "Plus personne ne va rentrer maintenant". Une jeune femme répond : "Mais regardez il y a plein de places". "Oui mais c'est pour des questions de sécurité". Un jeune homme continue à sortir des chaises; le Procureur s'en prend à lui : "On vous a dit d'arrêter de sortir des chaises. Vous n'allez tout de même pas faire la Police de l'audience !" Le jeune homme se rassied.

Le procès reprend alors que de nombreuses chaises vides subsistent et que le public à l'extérieur espère toujours pouvoir rentrer.

Président Charvet : "L'article 447 s'applique aux témoins. Ces personnes n'ont pas été citées. Elles seront donc entendues à titre de renseignement.
La question de la prescription ayant été largement débattue à la dix-septième, nous n'y reviendrons pas. La prescription cependant n'est pas acquise, les textes étant mis en continu à la disposition des internautes.
Quatre parties civiles ont fait appel : UEJF, Licra, Mrap, Ligue des droits de l'Homme, ainsi que le Ministère public.
Les griefs retenus contre le prévenu sont au nombre de quatre : incitation à la discrimination raciale, provocation à la haine raciale, insultes raciales et incitation à des atteintes à la vie et à l'intégrité de la personne non suivies d'effet... Trois textes sont visés : trois chansons extraites du cd "livrez les blanches aux bicots" publiées sur le site internet de Monsieur Costes. Le 10/7/97, un constat d'huissier a établi que les textes figuraient sur deux sites distincts. Une enquête commence le 29/9/97. Le Parquet ouvre une information le 29/12/97. Un débat sur l'argument de la prescription finit par établir que la prescription est non acquise. Ce jugement est donné en cours d'appel.

Lors du premier débat Jean-Louis Costes dit : "Je reconnais être l'auteur. Ce sont les paroles d'un disque que j'ai fait. Ce disque n'est pas l'expression de mes opinions politiques. C'est une oeuvre artistique. J'essaie de me mettre dans la peau d'un raciste qui réside dans ma tête malgré ma volonté... Je ne suis pas raciste." Aujourd'hui nous devons continuer le débat au second degré de juridiction.
 
 

Interrogatoire de Jean-Louis Costes


Conseiller, M. Blanc : Est-ce que les textes sont toujours mis à la disposition du public ?
JLC : Oui, sur le site où j'ai archivé les textes de mes CD. Ce sont les paroles. Sur ce site, je donne des informations sur mes activités.
Président Charvet : Vous pourriez peut-être enlever les mains de vos poches !

Conseiller, M. Blanc : A la question du sens vous avez répondu que vous vouliez sortir de vous ce qu'il y a de plus horrible.
JLC : J'ai voulu représenter les fantasmes racistes mais ce ne sont pas mes opinions politiques. Je ne suis pas un militant. Ni de gauche, ni de droite. Il s'agit strictement de fictions artistiques.
M. Blanc : Votre objectif est-il purement commercial ?
JLC : C'est une activité culturelle avant tout.

M. Blanc : Contestez-vous que le contenu de ces textes soit délibérément raciste ?
JLC : Je n'ai jamais considéré ces textes comme des délits racistes. Si je pensais que cela tombait sous le coup de la loi, je ne les aurais pas mis sur mon site avec mon nom et mon adresse! C'est une représentation du mal, une fiction comme quand vous voyez un crime à la télévision. On m'attaque au motif que c'est un crime que je représente, mais c'est pourtant une convention culturelle admise. Il y a des milliers de crimes représentés à la télévision chaque jour. Sont-ils punis comme de vrais crimes ? Non car tout le monde comprend qu'il s'agit de fiction.

M. Blanc : Oui, je crois que pour vraiment se rendre compte il faut lire ces textes.
Il commence à lire le texte "Les races puent" : "Les négros puent du cul..." Vous contestez le caractère raciste de ce texte ?
JLC : On ne peut le prendre au premier degré. Il y a une connotation surréaliste. C'est un type paranoïaque. Il est fou. C'est le délire d'un fou. A un moment dans cette chanson il hurle qu'il ne peut plus manipuler l'argent car il est souillé par de la merde d'étrangers ! C'est trop aberrant pour être crédible.

M. Blanc : Pouvez-vous nous indiquer les éléments qui à côté, dans l'introduction et la présentation du texte, permettent de prendre de la distance, d'avertir sur la dimension surréaliste ? Qu'est-ce qui marque la distance ? Dans le site, y a-t-il autre chose qui permet de prendre de la distance ?
JLC : Quand on arrive sur la première page de mon site, le contexte culturel artistique est directement évident. On sait tout de suite qu'on n'est pas sur un site politique ou d'information. L'iconographie, les titres de rubriques, tout l'indique. Il y a une photo de moi dans un spectacle. Je suis nu et je porte une fille dans mes bras dans un décor irréel. Et il y a les rubriques "Films", "Disques", "Romans-photos"... etc. Ce sont des rubriques culturelles. Puis, pour voir les textes il faut franchir plusieurs étapes toutes dans le même contexte culturel délirant. On rentre dans la rubrique "compact disque", on voit des titres de disques et d'autres illustrations toutes tirées de spectacles et concerts. On sait donc à tout moment qu'on est dans le cadre de représentations artistiques et non des discours réel. C'est évident.

M. Blanc : En quoi le fait que le texte soit sur un disque fait qu'il n'est pas raciste ?
JLC : Quand vous voyez le mal à la télé, vous savez que c'est une représentation. Appelez vous la police pour faire arrêter les criminels qui agissent dans les films sur votre écran ?!
Sur la pochette du disque, je me fais enculer par un noir. Ce n'est pas vraiment le genre de scène qu'aime les racistes! Ce cd m'a valu pendant des années les insultes et menaces de l'extrême-droite avant que l'uejf prenne le relais. Les racistes haïssent ce cd qui ridiculise des thèses qui sont pour eux sacrées. Mélanger leurs concepts de race avec des délires sexuels et scatologique n'amuse pas du tout l'extrême-droite !

M. Blanc : Pourquoi avez-vous diffusé ces textes sur Internet ? Dans un but commercial ? A quoi cela sert-il ?
JLC : Vous voulez dire, à quoi ça sert l'art ?!
Président Charvet : Nous ne sommes pas là pour faire de la philosophie, alors répondez aux questions.
M. Blanc : La mise à disposition du public de vos textes, à quoi cela sert-il ?
JLC : C'est dans la nature humaine de chercher a faire connaître et reconnaître ses oeuvres. Il n'y a donc rien d'extraordinaire à ce que je cherche à diffuser les miennes par internet ou autrement. Les artistes indépendants ont des problèmes de distribution. Nos oeuvres sont jugées pas assez commerciales par les grands distributeurs qui contrôlent la diffusion, et restent donc de tout débouchés par les circuits traditionnels. L'internet est pour nous un extraordinaire moyen de diffusion qui nous permet, malgré nos petits moyens de mettre nos oeuvres à la disposition d'un public.

M. Blanc : Et quel est le résultat ?
JLC : Pour tous les petits labels indépendants c'est super ! Nous pouvons annoncer nos nouvelles productions en ligne pour un coût très faible, voire mettre directement nos musiques en ligne...
M. Blanc : Mais vous, personnellement, vous les vendez vos textes ?
JLC : Je ne vends pas les textes qui ne sont que de la documentation sur mes oeuvres, mais je propose à la vente les disques sur mon site comme auparavant sur catalogue papier. Internet me permet de contacter les amateurs plus facilement que par courrier.

M. Blanc : Avez-vous vendu plus de disques depuis que vous avez votre site ?
JLC : Il y a un basculement des amateurs du réseau postal au réseau internet. Il est difficile de savoir dans quelle proportion les nouveaux amateurs sont spécifiques au réseau ou s'ils se seraient de toute façon intéressés à ma musique, avec ou sans internet. En tout cas ça n'a pas provoqué une explosion de mes ventes de disques, plutôt une montée du nombre de visiteurs du site.

M. Blanc : Vous en avez vendu combien de ce disque ?
JLC : J'en ai fait presser mille copies, un tirage habituel pour une production indépendante et j'en ai vendu 700 copies depuis 1989. L'intérêt essentiel du site pour mois n'est pas commercial mais culturel... ça facilite l'accès aux oeuvres pour les amateurs. Si je fais un nouveau disque, je le mets en ligne ce soir et les gens sont au courant immédiatement.

Président Charvet : Quelles sont les 2 personnes qui doivent être entendues ?
Maître Thierry Lévy (avocat de Costes) : M. Chabert et Mademoiselle Rachel.
 
 

Premier témoin : Jacques-Elie Chabert


Jacques-Elie Chabert : Je suis directeur d'une chaîne de télévision locale parisienne. Je suis juif et me sens très proche de l'UEJF. Ma famille a souffert de la seconde guerre mondiale. Mon père a été interné dans un camp de concentration. Croyez moi, la cruauté extrême et le mal absolu, sont des problèmes que je me suis posés. Et pour un artiste, il est très difficile de représenter le mal, si on ne le vit pas soi-même. Pour moi seuls deux artistes arrivent à le faire : Claude Lanzmann pour sa totale retenue dans son film "Shoah" et Jean-Louis Costes pour son absence totale de retenue. J'aime les deux. C'est une erreur grave que fait l'UEJF en attaquant Costes. Et ce sera grave s'ils obtiennent satisfaction... L'affaire Costes est une affaire de goût.

Président Charvet : Que pensez-vous de l'oeuvre de Céline qui est très discutable ?
Jacques-Elie Chabert : Céline avait de la sympathie pour le nazisme. Ce n'est pas le cas de Costes. Je n'ai pas beaucoup de sympathie pour l'oeuvre de Céline alors que j'en ai beaucoup pour l'oeuvre de Costes.
 
 

Second témoin : Rachel


Le deuxième témoin est appelé : Rachel, fille d'immigrés sénégalais, musulmane.
Le président lui demande de présenter une pièce d'identité.

Rachel : Je suis de nationalité française. J'ai participé à de nombreux travaux pour SOS Racisme. La mise à disposition du public de la musique, je connais. Je travaille pour une radio en tant qu'attachée de presse et responsable de la communication. Je connais bien le travail de musiciens de hip hop. Je comprend donc bien les problèmes de communication et d'image liés à l'art.
Je connais le travail de Costes. C'est un véritable artiste qui a son univers propre. Son travail est basé sur l'improvisation. C'est un travail extrêmement relâché qui lui permet d'exprimer tous les refoulés.
Ce n'est pas de la propagande car son but n'est pas de séduire. Il cherche juste à sortir ce qu'il a au fond de lui-même à la façon d'un artiste.
La première pensée que l'on peut avoir quand on l'entend : c'est "c'est incroyable!". On ne dit pas "c'est incroyable" à propos d'un discours rationnel de propagande! C'est à un niveau de second degré qui n'est pas commun. C'est un jeu de rôle. Costes se met dans la peau d'un personnage raciste. Et pourtant ce n'est pas un raciste. Son disque "Sorcière" est des chansons d'amour pour une noire.
Sur son site il se présente comme un personnage à part, comme un poète maudit, à part. On peut dire que c'est bien ou pas bien... En tout cas il est resté fidèle à lui-même.
Je le connais depuis que j'ai 14 ans. Quand j'étais plus jeune, nous parlions de tout ensemble. Nous parlions de religion, puisque je suis de confession musulmane, de problèmes de société... J'ai bien compris que c'était un esprit ouvert et tolérant. Grâce à lui j'ai découvert des milieux différents. Et c'est le premier artiste que j'ai rencontré.

Président Charvet : Vous pensez que à partir du moment où on a quelque chose au fond soi, c'est bien de le sortir ?
Rachel : C'est le travail de l'artiste de dire "Ceci est le mal, je le vois comme ça". L'artiste représente le mal pour nous permettre de méditer dessus, de comprendre les problèmes au lieu de les cacher.
Président Charvet : Mais comment savoir qu'un disque va être perçu au second degré ?
Rachel : L'oeuvre s'exprime dans un contexte, l'image de l'artiste, son discours, qui permet de comprendre que c'est de l'art.
Président Charvet : Il s'agit d'une chanson... J'ouvre la radio... Comment ai-je accès à la compréhension du travail de l'artiste et au contexte ? Où se trouve la distance dans le propos ?
Rachel : Elle se trouve dans la forme et la communication autour qui prouvent que c'est une parodie.

M. Blanc : Vous connaissez les techniques de communication et vous êtes une militante anti-raciste. Peut-être aurait-il été prudent d'indiquer quelque chose de plus explicite auprès des textes ?
Rachel : Je me suis posé la question. J'ai regardé le site. Costes explique dans un texte à quoi peuvent s'attendre ceux qui visitent son site.

Président Charvet : Vous connaissez bien les jeunes des banlieues. Beaucoup de jeunes n'ont pas votre niveau d'éducation... Croyez-vous qu'ils peuvent tous comme vous comprendre le second degré que vous voyez dans ces chansons?
Rachel : Justement, je connais des jeunes, de couleur, qui sont allés voir son site. Et ils ont trouvé cela très intéressant. Et ils désirent travailler avec Costes. Ce sont des musiciens de rap, et ils ont travaillé avec Costes et ils vont sortir un disque ensemble. Ils ont compris que c'est trop extrême, que c'est plus que du second degré, que c'est le dernier des derniers degrés.

Le président demande l'avis des parties sur l'ordre des plaidoiries. L'UEJF propose au Ministère public de commencer en premier. Le Ministère public accepte.
 
 

Plaidoirie du Ministère public, M. Bartoli


Le problème de la prescription est pour l'instant tranché (...). Le problème n'est pas de rechercher la valeur artistique des créations de M. Costes. Le problème n'est pas d'imposer un choix de recherche ou un thème. Il est hors de question d'imposer à M. Costes une censure. Le thème de l'ordre moral et de la censure n'est pas le problème. Compte tenu de la prévention reprochée et sur le fondement de la loi, le problème n'est pas de porter un jugement sur ses oeuvres. Le problème est de savoir si le propos visé est de nature à constituer soir un délit d'injure, etc...
La Cour ne peut s'en tenir qu'à cette marche.

Selon la jurisprudence : l'intention délictueuse se déduit non pas de l'analyse mais de la nature même des propos. Les exemples soulignés traduisent une violence, une brutalité et une bestialité des propos. Il suffit pour que l'infraction soit caractérisée que le lecteur ou auditeur reçoive cette charge à l'encontre d'une communauté pour que l'infraction soit réalisée. C'est le débat.
M. Costes est libre du choix de ses thèmes et de la manière dont il les traite. Ce débat pourrait être intéressant dans une autre enceinte. Peut-être qu'un jour un éminent universitaire écrira une thèse sur le travail de M. Costes. Mais ce n'est pas le débat qui nous préoccupe ici.

Vous avez un texte brutal, violent qui porte une charge d'agressivité [...] Je ne parle pas du public averti. Qui peut affirmer qu'un visiteur du site de M. Costes ne le trouvera pas raciste ? Le doute existe. Cela suffit. L'infraction est dans les textes mêmes et pas dans les interprétations qu'on peut en faire. Il suffit de reprendre ses textes pour dire à M. Costes qu'il a enfreint la loi. [...]
Vous ne condamnerez pas la production artistique, vous n'en ferez pas une victime, ni un Voltaire, ni un Zola. Mais vous condamnerez quelqu'un qui a dérapé, qui a tenu des propos qui sont inadmissibles dans le cadre minimum de nos relations sociales. [...] M. Costes a transgressé cette règle de bon sens.

Je réclame une peine d'emprisonnement de 6 mois avec sursis assortie d'une amende pour marquer que la liberté de création a quand même quelques limites raisonnables que M. Costes a délibérément dépassées.
 
 

Plaidoirie de l'avocat de l'UEJF, Maître Lilti


M. l'avocat général a dit l'essentiel de ce que nous considérons poursuivre, après avoir tenté vainement d'obtenir de M. Costes un acte de citoyen.
Nous avions d'abord poursuivi M. Costes devant la juridiction civile, mais il a souhaité être jugé selon la loi de 1881.
Les trois textes poursuivis sont objectivement racistes.

M. Costes est-il raciste ? Nous ne pouvons pas le savoir. La seule trace est dans les textes et le contexte. S'il existait quelque chose montrant qu'il n'adhère pas au contenu de ses textes, qu'il s'agit de second degré, un doute pourrait naître sur les buts de M. Costes. Le doute est dissipé par le texte "Je hais les races".
Dans ce texte M. Costes se vante : "Des skins m'ont appelé et m'ont dit qu'ils avaient tué un pakistanais à cause de mes chansons (...) Je culpabilise vaguement [...] mais au fond je suis content et fier d'avoir de l'influence auprès des gens, cela prouve que mon oeuvre existe, que j'existe [...] mon influence serait-elle maléfique... mieux vaut tuer que ne pas exister".

On ne peut pas considérer ce texte comme un avertissement. Rien ne permet d'y voir l'expression d'un délire artistique et non d'une opinion. La liberté du créateur n'est pas absolue. On nous dit que M. Costes s'adresserait à un public d'initiés, mais son site internet est accessible a tous.
Nous ne serions pas en présence d'un militant d'extrême droite... On nous dit que sa fiche des R.G. le confirme... Pourtant l'animateur de la Vieille Taupe, Serge Thion, apporte son soutien à M. Costes. Dans un texte qui a circulé sur internet, il dit qu'il est victime de l'UEJF qui veut asservir la liberté d'expression.

Ailleurs, dans un texte sur les médias, M. Costes explique quel fut l'impact du réseau sur son art : "Je peux mettre mon catalogue en ligne en un instant, faire connaître ma musique au monde entier, quel pied !" Il aurait pu ajouter "Quelle responsabilité !".
M. Costes prend une responsabilité en plaçant ses textes en ligne.
J'ai lu qu'il est question d''art dégénéré' dans les conclusions de Thierry Lévy, face à l'art officiel. Nous n'en sommes pas là. Il s'agit juste de faire cesser ces délits. Ce site avait eu trois mille visiteurs quand nous l'avons poursuivi en 1997, nous en sommes à 100 000 aujourd'hui !

Cependant, le point de vue de l'UEJF est que la réquisition du ministère public est sévère. Nous ne partageons pas la sévérité du Ministère public. Nous ne voulons embastiller personne. Nous demandons un franc de dommage et intérêts.
 
 
 

Plaidoirie de l'avocat de la Ligue des droits de l'homme


Nous avons considéré que les textes nécessitaient une intervention.
Ce qui est important ce sont les textes. Si l'on fait un constat strictement objectif, il y a injure raciale, provocation à la haine raciale, etc... L'argument de Costes : "je suis un artiste, je peux donc dire ce que je ressens au plus profond de moi et exprimer mon opinion en chantant ce que peut dire un raciste".

M. Costes se drape de poète maudit ! Se cache derrière des témoignages d'universitaires, de militants, M. Bourseiller, auteur d'un livre sur le cyber-sex... articles du Monde.... Tous ces gens viennent dire qu'il est un artiste, qu'il dit des choses incroyables.
On peut se draper dans cette dignité, se cacher derrière Baudelaire, les tragédies grecques. Cela ne peut pas tenir. Il n'y a pas de raison que la loi s'exerce différemment pour M. Costes.

M. Costes dit : "j'ai le droit d'écrire ce que je veux". Cela implique une responsabilité. C'est le pendant de la liberté d'expression. Il porte atteinte à la dignité de la personne.
La LDH ne demande pas une peine de prison. On ne peut pas embastiller quelqu'un parce qu'il dit quelque chose. Nous demandons un franc de dommage et intérêts. Et 10 000 F au titre de la loi [...]
 
 

Plaidoirie de l'avocat du MRAP


Il est clair que M. Costes est coupable. Il dit lui-même qu'il culpabilise vaguement. Sa manière de se défendre aggrave son cas. La question est de savoir si en diffusant sur Internet, il commet ou non le délit de provocation à la haine raciale. La réponse est "oui".
Pour se défendre il a deux catégories d'arguments. Le premier : tout cela doit être remis dans son contexte. Le second : c'est une manière surréaliste de dire ces choses... Je ne sais pas... Ce n'est pas la valeur artistique qui est en cause.

En ce qui concerne le premier argument, je ne sais pas, il n'y a pas la musique... Le contexte est absent de ce qui lui est reproché aujourd'hui. Peut-être que le contexte permet d'avoir la dérision. La lecture de ces textes décontextualisés constitue les délits qui lui sont reprochés aujourd'hui.
Dans les conclusions extrêmement brillantes de Me Lévy, il signale qu'il y a un avertissement sur lequel on peut cliquer. C'est matériellement faux. Le lien qui mène vers le texte "Je hais les races", s'appelant : "si le contenu de ce Cd vous choque, cliquez ici" n'est que facultatif. Or Il faudrait d'abord avoir lu le texte.

Il est reproché à M. Costes d'avoir écrit un texte qui incite à la haine raciale et non un texte choquant. "J'espère bien que ce que je vous dit peut avoir une influence" écrit-il dans "je hais les races". Il aggrave son cas ! Si vraiment il croit ce qu'il écrit, si vraiment il porte cela en lui, alors c'est plus grave que ce qu'il en dit. Il dit représenter des fantasmes enfouis en chacun d'entre nous... je ne sais pas... moi je ne ressens pas ces fantasmes en moi !

Ce n'est pas sa conscience qui est en cause mais le fait de mettre ces textes à la disposition du public.
Nous ne voulons pas de peine de privation de liberté. Il y a beaucoup de choses plus graves. Nous demandons 10 000 Frs de dommages et intérêts. Nos associations n'ont pas de revenus qui leur soient propres. Les peines prononcées contribuent à appuyer leur combat.
 
 

Plaidoirie de l'avocat de la Licra


Notre objet est la défense des libertés des droits de l'Homme. Qu'on n'essaie pas d'inverser. De nous présenter comme des opposants à la liberté. La première sauvegarde est de préserver la liberté jusque dans ses limites. Les textes fondamentaux de la Déclaration universelle des droits de l'Homme disent que toute personne a droit à la liberté d'expression. Son exercice implique des devoirs et des restrictions.
C'est ça une démocratie. La liberté d'expression nous est chère. La limite à la liberté d'expression a été votée dans les textes français de la loi de 1881. Les textes d'insultes, diffamatoires, les injures, la haine raciale : leurs auteurs doivent être condamnés pour protéger la dignité humaine et la liberté. Toute personne comprend le combat de la dignité humaine.

Prenez un enfant de douze ans, en un clic il se retrouve sur le site de Costes ! Il tape le mot "race" dans un moteur de recherche et cela lui permet d'aller directement sur le site.
Le respect de la dignité humaine implique d'être responsable. Quand un auteur écrit des chansons, qu'il est un poète maudit, il a le droit d'écrire mais s'il décide de publier avec cet extraordinaire moyen de communication qu'est Internet, il a alors la même responsabilité que Yahoo.

Quelles que soient les raisons artistiques de Monsieur Costes, cela ne nous importe pas. Les textes en eux-mêmes constituent des infractions. Mais La Licra ne souhaite pas une peine de prison. Nous demandons 50 000 francs de dommages et intérêts et 10 000 francs selon la loi [...].
 

Plaidoirie de Maître Thierry Lévy, avocat de Jean-Louis Costes


Il y a quelques années, dans les années 80, les victimes de propos racistes et antisémites avaient du mal à faire condamner Jean-Marie Le Pen qui avait adopté, comme ceux qui le soutiennent, un système qui consistait à tenir en public des propos ambigus destinés à la presse. Et dans des cercles plus étroits, il éclairait le propos par des déclarations qui ne laissaient aucun doute sur ses intentions à l'égard des étrangers et de ses thèses d'exclusion. Il était donc difficile d'obtenir dans certains cas la condamnation de l'idéologie qu'il soutenait.

Une autre forme d'idéologie qui véhicule un racisme est celle de Serge Thion et de La Vieille taupe. Les négationnistes ont dit qu'ils soutenaient la position de Costes. Mais il faut s'interroger sur le type de soutient que Thion apporte à Costes.
La première question qu'il faut se poser est la suivante : peut-on raisonnablement soutenir que les textes poursuivis, dont le caractère grossier, insultant et violent est tel que personne ne les a lus dans cette audience, puisse être l'oeuvre d'un raciste ? Est-il imaginable qu'un seul des théoriciens actuels du racisme assume les textes écrits par Costes ?
Posons nous cette question et demandons nous s'il est possible de produire un texte de Faurisson ou Le Pen qui dirait un millième de ce que dit Costes ? Impossible. Si c'était le cas, si ces gens assumaient la paternité de ces propos, ils apparaîtraient en contradiction avec leurs thèses et tellement excessifs que leur cause deviendrait ouvertement impossible à assumer. Si Le Pen disait ce que dit Costes, il serait définitivement mort pour la cause du racisme. Costes, d'après les Renseignements généraux, dont il a mis la fiche qui le concerne sur son site (en faisant appel à la CNIL), est un sympathisant de l'extrême-gauche soutenu par des négationnistes...
Certains de ces derniers ont en effet commenté le procès dans des termes désagréables pour tout le monde. Leur position à l'égard de Costes est la suivante : "C'est un imbécile car c'est un anti-raciste ; c'est un anti-raciste, donc c'est un imbécile". Ils font donc une synonymie entre anti-racisme et imbécillité.

Imaginons que Jean-Louis Costes réussisse à convaincre la cour que ce qu'il a écrit poursuit un combat contre la racisme. Cela ne suffirait pas à la cour. Un anti-raciste peut se laisser aller à l'extrême et commettre les délits d'insulte, d'injure raciale, de provocation à la haine raciale et d'appel au meurtre. Il n'est pas pertinent de démontrer uniquement qu'il n'est pas raciste.
L'appréciation doit avoir un caractère objectif sur le texte lui-même et le contexte, c'est sur ce terrain que doit se mener la combat.

Il n'est pas indifférent que Jean-Louis Costes n'est pas raciste. Il en apporte ses preuves à travers les témoignages de ses ennemis et de ses nombreux amis qui sont venus, au risque de paraître en contradiction avec eux-mêmes, apporter un soutient à Jean-Louis Costes. On peut accuser Costes de tout sauf de racisme. Les textes ne sont pas immédiatement accessibles. Il faut une série de clics successifs pour y accéder. On ne tombe pas par hasard sur les textes.

Sur son site, l'affirmation de sa haine de toutes les idéologies, dont le nazisme, est affirmée avec une réelle violence. De nombreux textes démontrent qu'il n'est pas partisan d'un cheveu des théories racistes et qu'au contraire, il les combat.
Costes, peu importe l'appréciation sur son travail, est un artiste, c'est-à-dire un homme qui n'a pas d'autre objectif que d'exprimer librement quelque chose qui n'appartient à aucun clan ou parti, quelque chose qui appartient à l'humanité toue entière. La définition de l'art qui défini Costes est-elle compatible avec le fascisme ?
Costes fait partie des artistes qui refusent le classement dans un système. Admettre le système des races est impossible pour eux. Costes combat le racisme car il combat les systèmes dans des formes qui les autodétruisent. D'ailleurs, les partisans du nazisme refusaient ces formes d'expressions qu'ils appelaient dégénérées, les idéologies soviétiques aussi.

Je dois avouer que j'ai été déçu par le premier témoin qui a dit "je condamne Céline parce qu'il avait une sympathie pour le nazisme". J'ai trouvé que c'était une réponse décevante. Une partie de l'oeuvre de Céline est censurée à la demande de sa dernière épouse. S'il fallait défendre cette oeuvre-là aujourd'hui, la cause serait plus difficile parce que Céline avait des sympathies avec le nazisme qui occupait alors la France. Mais Céline a dans son oeuvre quelque chose qui ruine le fondement du nazisme : un excès, de la démesure, du délire. On ne peut pas lire "Bagatelle pour un massacre" sans regretter que l'oeuvre ne soit pas accessible à un public. Sa publication apporterait un élément de réponse qui nous permettrait d'avancer dans une meilleure connaissance du racisme et de la littérature.

Costes prend des risques. Il s'expose à toutes les critiques et à la violence. Dans ses spectacles, le corps de Jean-Louis Costes est exposé nu au mépris et à la haine.
Il a publié des textes de chansons qui sont indiscutablement en soi, mot après mot, des injures. Mais doit-on s'interdire de lire attentivement ces textes ?
Il est intéressant de voir qu'aucun des assaillants n'a voulu lire les textes. On ne peut pas prononcer ces textes dans une lecture mot à mot sans leur apporter une aide. Il faut lire l'ensemble des textes, de la citation. Et qu'y voit-on ?
La question est la suivante : "M. Costes n'est peut-être pas raciste mais expliquez nous ce qui dans ce texte apporte un élément de distance et d'exagération ?" La réponse est dans le texte. La forme même du discours, la scansion des phrases, la présentation syntaxique, l'organisation du discours aboutissent à ruiner la théorie raciste. Costes a choisi de concentrer de manière brutale la théorie pour en dénoncer l'absurdité. La saleté, les mauvaises odeurs, tout ce qui rattache depuis toujours le racisme aux excréments. (Le Président de la République lui-même avait évoqué les odeurs incommodantes). L'odeur et l'excrément sont intrinsèquement liés au racisme. Costes pousse le discours raciste à un tel excès de violence qu'il le ruine, le détruit, en anéantit le propos.

... "Les races puent" : "Les négros puent du cul... Quand je prend la monnaie, je touche leur merde ! (...) Quel raciste conséquent pourrait tenir un tel propos ? Qui ne voit à travers ce texte que l'intention de Costes n'est nullement d'inciter à la violence mais d'attirer l'attention sur l'impossibilité de soutenir les théories racistes, de suivre la cause du racisme.
Dans son texte "Je hais les races", il dit que c'est le racisme qui dit qu'on se sent noir. Mais quand il n'y a aucune attention à la couleur, il n'y a pas de racisme" Et dans une chanson récente, il parle de deux petites filles noires, des voisines près de chez lui à Saint-Denis qui observant un groupe disent : "ils font du trafic de drogue. Ce sont des noirs !". Ces jeunes enfants ne se considèrent pas noires ! Car elles ne connaissent pas encore le racisme. D'où vient que l'on se sent blanc, noir ou juif, sinon d'un discours de haine ?!
Dans ses mots les plus durs, Costes combat à sa manière un racisme larvé, latent.
Dans la chanson "Blanchette tapette à bicots", Costes se met en scène. Il est un noir qui se couvre de fromage blanc pour attirer les désirs d'un homosexuel qui se tromperait sur sa couleur. Il détourne les propos du raciste ordinaire dans une situation absurde.

On pourrait dire que l'affaire a été tranchée et jugée lors de l'arrêt de 1996, suivi d'un autre arrêt en 1996 lors de l'affaire Patrick Sébastien/Patrick Bruel. Ce dernier avait refusé une invitation à Toulon pour éviter que son succès ne favorise la municipalité. Patrick Sébastien avait évoqué le refus de Bruel dans un sketch détourné où il chantait "Casser du noir". Pour M. Patrick Lelay et Sébastien on pouvait revendiquer un droit à la caricature et à la dérision. La cour a écarté ce droit. La cour a reconnu que l'émission de Sébastien avait un caractère hybride : à la fois fantaisiste et politique. Elle a donné l'avantage aux théories racistes quand Le Pen s'est exprimé.
Le site de Costes n'a aucun caractère hybride. Il n'y a pas une virgule qui rattache les textes de Costes à quelque chose de sérieux, à un débat public.

L'autre affaire est celle d'une plaisanterie dans laquelle on demandait d'identifier des personnes. Il y avait d'abord "Superman". Et celui qui volait dans le supermarché était "Musulmane". Est-ce que cela pouvait être disculpé par la gauloiserie de l'émission ? La 11ème chambre a condamné car elle a estimé être en présence de gens qui avaient préparé une production en vue du public. Ils avaient nécessairement apprécié le risque qu'une plaisanterie de mauvais goût ne génère une interprétation de racisme quand le contexte se rattache à une réalité.

Dans le cas de Costes : il n'y a aucun lien entre ses paroles et ses actes. L'anarchie des termes rompt le lien que l'on pouvait faire entre l'énoncé et l'action. Il est impossible de rattacher les propos de Costes à une idéologie raciste quelconque. Les mots utilisés par Costes, l'ordre, la forme, la phrase : y a-t-il quoi que ce soit qui laisse un doute sur son intention ?
C'est à ce travail d'analyse que la cour va devoir s'attacher en se demandant si la théorie raciale peut être sous-entendue, de même que pour l'incitation au meurtre.

Dans une de ces chansons, Costes veut empaler un de ses personnages sur un saucisson. On peut en rire ou pas. Mais dans la définition il faut un lien réel entre l'infraction et le propos. Or, on n'a jamais dit que le saucisson est une arme par destination !
Il faudra de même examiner le texte pour l'injure raciale. Y a-t-il des qualifications d'injure raciale dans un contexte totalement délivré d'une intention militante, de combat, qu'elle fut collective ou particulière ? Il est impossible de déceler chez Costes cette intention.

... Costes est totalement exposé. Il est nu comme rarement on est nu devant une juridiction. Vous ne pouvez pas imaginer un instant que Costes a pu tenir des propos racistes. Il fait preuve du maximum de sincérité qu'on peut attendre d'un artiste. Il subirait une condamnation comme une atteinte à la part de vérité qu'il essaie d'exprimer à travers ses oeuvres.
 

Intervention exceptionnelle du Ministère public


Pour la première fois de ma carrière j'utilise les dispositions de la loi [...] pour intervenir après l'avocat de la défense. J'ai entendu à quatre reprises une volonté des parties civiles de porter un jugement sur les réquisitions ! Elles ne doivent pas porter un jugement sur les réquisitions. J'ai été désigné comme le seul liberticide. Je n'accepte pas d'être désigné comme le seul liberticide ici ! Je ne suis pas un accusateur honteux.
 
 
 

Les derniers mots reviennent au prévenu, Jean-Louis Costes


Finalement, au fond, la question n'est pas de savoir si je suis ou non raciste. La question c'est "quelles sont les limites de l'art ?"
Depuis toujours, formellement depuis les grecs, il y a deux thèses :
Pour les partisans d'Aristote, l'art doit représenter le crime dans toute sa bestialité et sa brutalité, comme le disait justement le ministère public, sans jugement moral aucun, afin de nous faire comprendre les mécanismes du mal pour mieux le combattre. C'est ma position.
Pour d'autres - et aujourd'hui c'est la position des parties civiles - cette conception de l'art représente un danger social car ces représentations du mal peuvent "corrompre l'âme"... Pour ces partisans de Platon, l'art doit être au service de la morale, "au service de la politique du sage". L'art ne doit pas simplement exposer crûment, il doit contenir des clés morales.
C'est un débat constant depuis des siècles.
La position des représentants de l'état et de la justice bascule soit vers l'un soit vers l'autre camp selon les époques, et la censure contre l'art se fait plus ou moins sentir.

Dans les époques tolérantes et paisibles, on accepte un art cru exposant directement le mal comme le bien sans propagande.
Dans les époques intolérantes et troublées, on impose un art moral au service de la propagande. Les exemples les plus caricaturaux et récents sont évidemment les nazis et les soviétiques. C'est cet art à la botte du pouvoir moral que cherchent à imposer les parties civiles malgré leurs discours "au nom de la liberté et des droits de l'homme". Le mal avance toujours avec le masque du bien.

Quant à moi, quelque soit la décision des juges, contre l'art bestial ou pour l'art officiel, je resterai toujours un artiste bestial et brutal, car la brutalité et la bestialité sont la base et le moteur de la création.
... Par mes oeuvres, je vous ouvre une fenêtre sur le monde par laquelle vous pouvez contempler les réalités atroces, et méditer sur elles, sans aucun risque car il ne s'agit que de fictions, de fantasmagories. Si vous refermez cette fenêtre, si vous empêchez toute représentation des fantasmes violents sur la scène de l'art, alors elles resurgiront immanquablement dans la réalité, et certains utiliseront ces images de violence qui nous habitent, les manipuleront pour prendre le pouvoir.

Applaudissement du public...

Président Charvet, réagissant aux applaudissements : Ce n'est pas le lieu pour ce genre de manifestation, d'autant que la position des parties civiles les auraient mérité.

L'arrêt de la cour concernant cette affaire sera rendu le 20 décembre.
 
 

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2000