COSTES
Interviews en francais


INTERVIEW PAR AGNES GIARD POUR TECHNIKART
decembre 2000

1 PETITE ENFANCE : BATTU ET VIOLÉ
Enfance difficile dans une famille tres stricte et sévère (père militaire violent et mère catho grave complice) Pas un seul souvenir heureux de ma vie de zéro à 18 ans! En gros, petite enfance : se fait casserer la gueule sous le regard complice de la mère, puis se fait enculer par le père sous le regard complice de la mère.

2 ADOLESCENCE : ASOCIAL SUICIDAIRE
Adolescence : totalement asocial, n'ai aucun ami, passe mon temps dans ma chambre à me branler et à faire joujou au suicide avec des lames de razoir devant la glace des chiottes, ou au fond de la classe à dessiner des cadavres et des filles torturées. Je hais tout, tout le monde, et surtout moi-même.
Dans ce contexte l'art va être un exutoire salvateur. La seule chose qui me branche adolescent à part me branler (mais ca me fait culpabiliser) c'est dessiner.

3 JEUNESSE : ZONARD DROGUÉ
Apres 18 ans, je me tire de chez mes parents et vire zonard drogué. Quoiqu'on médise sur les drogues et bien qu'actuellement je déteste la drogue et les drogués, à l'epoque la drogue m'a ...sauvé la vie.
J'était tellement flippé, coincé et complexé que sans la drogue et l'alcool j'aurai jamais réussi à baiser une fille. Je n'ai pas touché une fille avant l'age de 23 ans et pendant des années après j'ai toujours débandé au moment de la pénétrer! (merde!!!!) et ce n'est que completement défoncé que je me suis dépucellé sans mëme me rendre compte que j'etais dans le trou!
Ca commence bien comme histoire hun? Les origines d'un génie! C'est avec la drogue que j'ai switché du dessin à la musique. Je jouais des claviers dans des groupes de rock de drogués ou on passait plus de temps allongé sous le piano qu'à jouer dessus.

4 TRENTE ANS : LE DEBUT DU TRIP COSTES
Mais étant toujours aussi asocial et flippé le coté tribal des groupes de rock m'a fait trop flippé et, vers 1983 je m'enferme définitivement chez moi pour ne plus jamais en sortir jusqu'a aujourd'hui (sauf pour monter sur scene) me consacrant uniquement a la musique et la masturbation.
Enfermé, sans plus aucune contraine sociale ou esthétique mon style musical va se radicaliser a toute vitesse. Tout le monde hait ma musique et tout le monde s'écarte et se fout de ma gueule, ce qui a pour effet de rendre mon style toujours plus agressif. Je suis décidé a faire chier un max!
De temps en temps je sors par surprise et distribue gratuitement dans les concerts branchouillés des cassettes gratuites de ma musique sur lesquelles j'insulte en musique le public et les musiciens en vogue. alors que je fais ca par pur nihilisme, il va se trouver des gens pour apprécier çà et évidemment une masse pour détester. C'est comme çà que va commencer le phénomène "Costèsse".

5 LE RÉSEAU INDÉPENDANT. Vers 86 je découvre par hazard dans un fanzine (je savais meme pas ce que c'était qu'un fanzine!) qu'il y a d'autres bargeots comme moi sur terre qui produisent leur musique chez eux, l'enregistrent sur cassette et la distribuent eux memes sur leurs propres labels indépendants.
Je vais alors commencer à envoyer mes oeuvres à gauche a droite, dans tous les pays, des usa au japon, et peu à peu va se constituer un public de fans et, vers 1986, je fais mes premiers concerts

6 PORNO-SOCIAL
toujours aussi complexé et persuadé de ma nullité, je pense que me voir seul sur scene brailler mes chansons bruyantes doit etre chiant pour le public. Idé&e confirmée par les sifflets et crachats des punks et industriels lors de mes premiers concerts qui sont tous interrompus au bout de 5 minutes.
Je commence alors a faire des opéras pornos-sociaux : la musique est enregistrée sur bande, je chante live par dessus.
débarassé des instruments je peux introduire des actions théatrlaes qui avec le temps vont se dévellopper en véritables "opéras pornos-sociaux" ou la violence mentale et sexuelle de mes chansons est transposée sur scene en violence physique et sévices sexuels.
Ces shows plaisent rapidement et me permettent de bien tourner en europe, usa et japon.
De 88 a 2000, une douzaine d'opéras pornos-sociaux différents ont été représentés, le premier étant "les pendus", le tout dernier actuellement sur scene "vomito negro".

7 LA VIDEO
Vu l'aspect spectaculaire des shows, beaucoup de gens les filment en vidéo. Ce qui me branche sur la vidéo. Au début je filme moi-même mes shows en donnant la caméra à des membres du public au hazard. Et puis je finis par utiliser la caméra pour produire, à partir de 1990, mes propres films de fiction que je monte ensuite, avec la touche "pause", entre 2 scopes vhs! "crack kiss" est mon premier film de fiction (tourné a new-york), puis"le fils de caligula", "i love snuff, "morpho" ... des longs métrages, et une floppée de courts métrages.

8 LES INFLUENCES (INDUSTRIEL, ELECTRONIQUE, HARD-CORRE, RAP...)
Le fait de fréquenter (par courrier, jamais physiquement) les milieux artisitques indépendants va me faire découvrir toutes sortes de musiques qui vont m'influencer. A la base je suis un artiste "brut" : je me prend pas du tout pour un musicient branché d'avant-garde, je veux juste etre le nouveau Paul Mac Cartney mais j'y arrive pas!). Je découvre donc toutes les musiques indépendantes : tout ce qui est radic al m'éclate et m'influence : le bruitisme industriel, le hard-core us le plus speed, le noise-rocj japopnais le plus déjanté, le rap hard-core le plus violent et explicite. Sans vraiment imiter, je passe toutes ces influences a ma moulinette, a la "sauce costes". Car je sais pas pourquoi mais j'ai jamais réussi a bien imiter quoique ce soit, meme pas le boogie-woogie ou la techno basique que n'importe quel con imite en deux secondes avec la boite a rythme que maman lui a acheté pour noel...et ben moi j'y arrive pas, j'imite mentalement, mais rythmiquement et mélodiquement j'ai toujours tout faux. Au fond mon style vient de mes handicaps et de ma totale absence de don. A l'école j'avias pas le droit de chanter tellement je chantais faux, ca foutait en l'air la chorale! Et je continue a foutre en l'air la chorale, qu'elle soit techno ou rap , c'est pareil!

9 L'INTERNET
Evidemment l'internet pour un mec comme moi c'est le miracle : comme tout musicien indépendant asphyxié entre les majors du show bizz et les collabos de l'art subventionné, internet va m'ouvrir une miraculeuse fenetre d'expression. Sans label, sans distributeur, sans controle et bénédiction du business ou de l'etat, je peux faire mon truc comme je veux et le diffuser instantanément a travers le monde. Le pied total quoi!
A trois heures du mat, seul chez moi, sans avoir a fréquenter physiquement qui que ce soit, je peux communiquer mentalement avec le monde entier, etre a la fois totalement seul et totalement universel, mon reve de branleur frustré mégalo!
Je vais donc dès 1996 dévellopper un site important http://costes.org ou je documente mes oeuvres, les distribue, mais aussi fait des délires "spécial web" qui sont spécifiques au média internet.
Ce qui va faciliter mon travail et la distribution de mes oeuvres, mais aussi m'attirer les pires emmerdes.

10 LA CENSURE
En fait internet va m'amener les pires emmerdes. Car les gros intérets en place (majors du show bizz et grands médias institutionnels) vont vite comprendre que internet pourrait causer leur perte : tous ces indépendants (médias ou artistes) qui d'expriment sur le web menacent les intérets en place : des milliers de petits sites culturels cumulés (gratuits en plus!) bouffent l'audience des gros médias et font chuter les recettes publicitaires. Des millions de morceaux libres de droits en mp3 qui se baladent sur le net font une redoutable concurrence font, cumulés, une redoutable concurrence aux majors.
Les énormes profits des majors et médias tiennent sur le monopole et la concentration. Or les centaines de milliers d'indépendants qui surgissent d'un coup sur le net détruisent monopoles et concentration. En plus, tous ces journalistes en herbe qui montent leur propres sites-médias sur le net, non seulement ils cassent le business mais en plus ils s'expriment librement, sans tous les filtres et barrieres des gros medias institutionnels au service de la pensée et des intérets dominants. "Le danger d'intenret" comme a dit francoise giroud, "c'est que n"import qui peut dire n'importe quoi". En effet un danger pour les magouilleurs et les menteurs bien en place, mais un bonheur et une chance pour les gens honnetes et la démocratie.
Alors les gros businessmen qui aiment pas la liberté et la gratuité vont présenter internet comme un repaire de "pédophiles & nazis" et ils vont lacher leur flics de la pensée pour casser la culture indépendante qui monte en puissance sur le net. L'uejf et les assos antiracistes, chiens de garde du pouvoir, vont s'attaquer à la liberté d'expression sur internet. 1) en détruisant le droit de la prescription pour le net, ce qui permet de réprimer sans limites. 2) en attaquant sur le fond tout ce qui bouge et est pas "politiquement et moralement correct.
Et qui c'est qui vont choisir pour faire un exemple? Le plus extreme forcément, le plus remuant et le plus incontrolable et sans concession : ... Costes!
Alors depuis 1997 j'ai subi quatre proces, 150000Frs de frais de défense, une condamnation et la censure de mon site en décembre 2000, plus toutes sortes d'autres pressions (pression sur l'hebergeur pour qu'il coupe mon site, pression sur mon distributeur de disques pour qu'il stoppe de me distribuer, pressions sur des salles de spectacles pour quelles annulent mes shows, pressions sur les médais pour qu'ils fassent pas d'articles culturels sur moi...)

11 LE MARTYRE UNIVERSEL
Finalement, je voulais pas l'art régler mes comptes avec une société que je hais, régler mes comptes avec le pére qui frappe et encule, et j'y suis arrivé! Desormais je ne crie plus seul dans un micro dans un cave au fond d'une banlieue, ignoré de tous. Je me bats, jusqu'a la mort et jusqu'au martyr final et la gloire, contre l'etat et l'ordre moral par les armes de l'art, les armes de l'esprit, et je me bats en pleine lumiere sur internet (le fait que les medias étouffent l'affaire n'a aucune importance car nous n'avons plus besoin des médias, merci, par ici la sortie!)
Ma premiere cassette s'appellait "l'art c'est la guerre", c'était alors symbolique, maintenant c'est la réalité : "l'art c'est la guerre sur le net"!
J'ai fait la preuve que l'art n'est pas juste un truc de branleur qui emmerde plus personne. Un branleur vraiment branleur à mort peut faire trembler les pouvoirs, et prouver son propre pouvoir.



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