Le Proces Costes

LETTRES DE SOUTIEN
1998 - 1999

Lettres de
Jean-Luc Lecourt (auteur-compositeur)
Eric Chabert (professeur et president d'Underground Prods.)
Jacques Elie Chabert (infographiste et videaste)
Laurent Faulon (artiste plasticien)
Jean-Christophe Guedon (amateur)
Christophe Fremiot (militant politique et syndical libertaire)
Christophe Vaillant (amateur)
Anne Laure Engelhard (amateur)
Etienne Caire (amateur)
Denisse Mathia (artiste)
Gaelle Rouard (amateur)
Frederic goffin (adjoint du maire de Saul)
Mathieu Wirchowski (amateur)
Frederic Jalabert (amateur)
Richard Bokhobza (amateur)
Anna Xia (amateur)
Blick (amateur)
Cedric Houvenagel (musicien)


1) Lettre de Jean-Luc Lecourt, auteur-compositeur.

Cela fait deux ans que j'achete et ecoute les disques et les cassettes de Costes. J'ai vu aussi certaines de ses videos, dont une d'un de ses spectacles.
Je n'ai jamais pense qu'il y avait dans les oeuvres de Costes une propagande raciste, un discours criminel ou quoique ce soit qui porte atteinte a la vie et a l'integrite de la personne.
Costes est un artiste qui a choisi de sortir tout ce qui lui passait par la tete sans se censurer, d'explorer ce qu'il y a de tabou en lui sans s'imposer de limites. Il s'agit a mon avis d'un demarche psychanalytique : l'expression spontanee. Les resultats de cette demarche peuvent, pour Costes et ceux qui l'ecoutent et le voient, etre proches de ceux obtenus par une psychanalyse.
Costes, avec qui j'ai discute plusieurs fois et que j'ai interviewe deux fois sur Radio Alpa (radio associative du Mans), n'est ni raciste ni pousse au crime, et n'a rien a voir avec l'ideologie d'un parti comme le Front National, avec les nazis et tous les racistes et criminels. Il serait d'ailleurs parmi les premiers condamnes par ces derniers.
Costes, par son importante et remarquable oeuvre, ne nuit pas a l'integrite de la personne. Au contraire, il permet a la personne d'en apprendre plus sur elle-meme et le monde qui l'entoure, de reflechir et de tomber moins facilement dans les idees nuisibles a l'humanite.
Empecher Costes de s'exprimer serait vraiment dommage car il effectue a ma connaissance un travail artistique unique en France.
Le 7 decembre 1998


2) Lettre d'Eric Chabert, professeur et president d'Underground Prods.

Je soussigné Éric Chabert, professeur certifié de Sciences Économiques et Sociales, président de l'association loi 1901 Underground Productions, Webmestre du site « Le Magazine de l'Homme Moderne » (http://altern.com/moderne/) et directeur de publication de la revue du même nom, déclare connaître Jean-Louis Costes et son travail depuis 1985, même si je n'ai eu avec lui que des contacts épistolaires et ne l'ai jamais rencontré. À cette époque, nous avons publié deux de ces compositions musicales dans nos compilations cassettes (dont une gracieuse valse sans paroles), j'ai collaboré à sa revue « La vache bigarrée », j'ai distribué ses disques comme il a distribué nos cassettes. Depuis lors, j'ai suivi sa carrière et acheté certains de ses disques, des amis l'ont rencontré et ont travaillé avec lui, ont vu ses spectacles.
Je n'ai jamais -et jamais entendu qui que ce soit- considéré qu'il puisse, en aucune manière, être qualifié de raciste, alors que les épithètes peu flatteurs sur la qualité de son travail ne manquent pourtant pas.
Je crois qu'il s'agit manifestement en l'occurrence d'une regrettable confusion entre le discours politique et le discours artistique. Car Costes est un artiste : il s'inscrit et est reconnu dans des courants musicaux et artistiques déterminés, même s'ils sont marginaux. Au mieux, Costes fait de la poésie sonore et des performances artistiques, au pire, c'est un saltimbanque d'un nouveau Grand-Guignol. Il se produit, en tant qu'artiste, depuis de nombreuses années, enregistre des cassettes et des disques, des films.
On n'est pas obligé d'aimer son travail, on peut le considérer comme un artiste médiocre la cas échéant : cela regarde le public et les critiques.
Le procès qui lui est fait est donc un acte, involontaire sans aucun doute, de censure artistique, même si il est inspiré par les meilleures intentions du monde!
Pourquoi alors s'acharner contre Costes? Je crois que les plaignants ont commis au départ et de bonne fois l'erreur de penser qu'ils avaient découvert un de ces sites fascistes-révisionnistes dont parlent les medias, qu'ils ont vu là l'occasion d'obtenir une première juridique qui permettrait d'assainir un nouveau médium : l'internet. Simplement, alors que tout concoure à leur démontrer leur erreur, ils persistent plutôt que d,avoir à se déjuger. C'est idiot. Leur combat contre le racisme devrait se trouver d'autres objets plus pertinents : ils ne manquent malheureusement pas.
Le 26 novembre 1998


3) Lettre de Jacques Elie Chabert, infographiste et videaste.

En tant que spectateur et amateur d'arts et de lettres, j'apprecie et je soutiens sans reserve l'oeuvre subtile, lucide de l'artiste, acteur de l'extreme : Jean-Louis Costes.
En tant que juif, je considere que l'uejf se trompe de cible en intentant un proces a cet immense talent. Je pense que son travail derange, au dela des religions et des races, tous ceux qui n'ont pas, meme fugitivement, pris conscience de l'absurdite methaphysique de la condition humaine.
Le 26 novembre 1998


4) Lettre de Laurent Faulon, artiste plasticien

Je tiens par cette lettre a exprimer mon soutien a M. Jean-Louis Costes ainsi qu'a son oeuvre.
Je suis artiste plasticien, residant a Grenoble, et ne connais pas personnellement M. Costes. Je m'interesse a son travail depuis de nombreuses annees. La provocation, l'ironie et la farce en sont les elements constituants. Il est evident que les propos tenus par M. Costes sont des provocations destinees a faire reagir les gens et ne sont pas a prendre au pied de la lettre. En faisant une satyre grossiere et outree des maux de notre societe (racisme, intolerance, antisemitisme, sexisme...), il permet a son public de se rendre compte de ces phenomenes. En s'impliquant lui-meme et en incarnant l'humanite dans ce qu'elle a de pire, il nous amene a nous questionner sur cette part du "mal" contenue en chacun de nous, et nous permet de la combattre. En cela, je considere les oeuvres de M. Costes comme autant de diatribes anti-racistes, anti-fascistes...
Je soupconne de beaucoup de mauvaise foi les personnes accusant M. Costes d'anisemitisme, de racisme...La satyre qu'il en fait est suffisamment grossiere pour ne pas etre prise au serieux.
Par ailleurs, M. Costes a explique a de nombreuses reprises, notammant sur interne, le sens de sa demarche. Il n'y a donc aucune ambiguite possible.
Je suis tres etonne que les associations qui se portent partie civile (ldh, uejf, licra, mrap) fassent une telle erreur d'interpretation. Je tiens en haute estime l'action de ces associations et je me suis moi-meme engage dans la lutte anti-raciste aux cotes de certaines d'entre elles, mais cette fois-ci elles se trompent de combat et d'ennemi.
Pour finir, je tiens a signaler que les oeuvres de M. Costes sont tres peu diffusees, et rencontrent generalement un public suffisamment averti pour ne pas en faire une mauvaise interpretation.
Il ne s'agit pas ici pour moi de defendre a tout prix la liberte d'expression. Je pense que certains propos doivent etre censures comme l'exige la loi (ceux incitant rellement a la haine raciale, entre autres). Mais dans le cas de M. Costes, ce n'est evidemment pas le cas. Le condamner serait une insulte a l'intelligence et un appel aux amalgames dangereux, ceux-la meme dont se nourrit le racisme ordinaire.
Le 22 novembre 1998.


5) Lettre de Jean-Christophe Guedon, amateur de Costes

Considerant avec Louis Surtenaire qu'"il est des choses avec lesquelles on ne plaisante pas. Pas assez.", j'affirme que le jour ou j'ai vu Costes avec un gigantesque gouvernail en forme de croix gammee dans le trou des fesses, j'ai eclate de rire.
Le 25 novembre 1998.


6) Lettre de Christophe Fremiot, militant politique et syndical libertaire.

Mesdames et Messieurs les juges,
je tiens a vous faire part de mon indignation concernant le proces qui est intente a Jean-Louis Costes pour injure et diffamation raciale, provocation a la violence raciale, et ce au sujet de son disque "Livrez les blanches aux bicots".
L'ecoute maintes fois repetee de ces textes ne m'a jamais inspire aucun sentiment raciste, ni aucune violence, mais m'a en revanche beaucoup amuse. Il va de soi que les paroles outrancieres et deliberement exagerees de l'artiste ne sont pas a prendre au premier degre. Je connais suffisamment l'oeuvre de Costes, que j'apprecie pour l'inconfort intellectuel qu'elle procure, et par la meme la reflexion qu'elle suscite, pour n'avoir aucun doute sur ses intentions.
La lutte contre le racisme est une chose serieuse. Il est navrant que des associations telles que celles qui se portent parties civiles dans cette mauvaise aventure, se ridiculisent de la sorte et fassent preuve d'un tel manque de discernement.
J'ajoute, qu'etant moi-meme militant politique et syndical libertaire, je ne peux en aucun cas etre suspecte de complaisance a l'egard des "idees" racistes, integristes, obscurantistes, sectaires et liberticides, puisque je les combat. Je n'ai d'ailleurs, lors de manifestations recentes contre l'integrisme d'extreme-droite par exemple, pas vu aucune des organisations qui jouent les plaideurs aujourd'hui, s'opposer a cette lie. Le courage de la lutte sur le terrain n'est pas donne a tout le monde. Il est, pour certains anti-racistes officiels de bon ton (responsables pour une large part de la montee de l'extreme-droite), assurement plus aise de faire taire les artistes. La liberte d'expression doit etre entiere, totale. elle ne souffre aucune limitation. Une liberte d'expression partielle n'a pas de sens car elle n'est pas la liberte.
Je comprends que l'on puisse etre choque par certains propos ou meme ne pas les apprecier. Que ceux a qui cela ne plait pas ne les ecoutent pas, ne les lisent pas. Personne ne les y oblige. Pour ma part je suis outre par la diffusion tous les dimanches matins d'emissions religieuses sur une chaine tele du service publique et laic. Je trouve les valeurs vehiculees lors de ces programmes repugnantes et grossieres. Jamais il ne me viendra a l'idee de tenter quoique ce soit pour les interdire. Je me contente de plaindre les personnes suffisamment egarees que cela interesse.
Pour conclure, je pense que la censure, pratique fasciste s'il en est, ne devrait plus avoir de raison d'etre dans un regime politique qui se dit democratique.
Je souhaite qu'etant les gerants d'une certaine idee de la justice a laquelle j'ai encore la naivete de croire, vous ne donnerez pas une issue facheuse aux plaintes deposees a l'encontre de Jean-Louis Costes que je soutiens inconditionnellement. Novembre 1998


7) Lettre de Christophe Vaillant, amateur de Costes

Je voudrais apporter mon temoignage, suite a la plainte deposee contre Costes "pour injure et diffamation raciale, provocation a la haine et a la violence raciales...", en disant simplement que j'apprecie l'album "Livrez les blanches aux bicots" et que cela ne m'empeche pas d'etre revolte par le racisme.
Pour combattre le racisme, il ne faut pas se tromper de cible. Costes est un artiste dont les oeuvres ne sont pas a prendre au premier degre; provoquer fait partie de son oeuvre.
Vive la liberte d'expression des artiste! Non a la censure!
Novembre 1998.


8) Lettre de Anne-Laure Engelhard, amateur de Costes

J'ai decouvert le site internet de Jean-Louis Costes en septembre 98. J'ai ete immediatement ravie de trouver un site d'une telle qualite, tant visuelle et technique, qu'artistique.
Jean-Louis Costes y presente son univers et se met en scene dans diverses creations. Celui qui se surexpose a ce point, sans aucune protection et sans faire aucun compromis, ne peut etre qu'admire.
Je pense que ses accusateurs n'ont pas reellement lu les textes du site, du moins pas ceux ou Jean-Louis Costes explique sa demarche ou son point de vue sur divers sujets.
Est "raciste" celui qui, par le biais d'une ideologie, attribue une superiorite a une race ou a un groupe ethnique; ce n'est pas le cas de Jean-Louis Costes, loin de la : on ne peut pas dire de lui qu'il "casse de l'arabe ou du noir", du blanc peut-etre, c'est a dire son propre milieu, sa propre race.
J'espere, pour conclure, que la justice ne condamnera pas l'artiste Jean-Louis Costes, et qu'elle le laissera continuer son travail pour la plus grande joie de ses admirateurs dont je fais partie.
26 novembre 1998.


9) Lettre d'Etienne Caire, amateur de Costes

Encore une fois on se trompe de cible. en effet, je suis a l'ecoute du travail de Costes depuis de nombreuses annees et il me semble impossible de ne pas comprendre la reelle portee de ses textes. Pour l'avoir vu plusieurs fois, lors de ses spectacles, je ne peux que vous assurer du caractere profondement humaniste et antiraciste du personnage. S'il y a erreur de jugement, cela demontre l'incapacite de notre societe a ecouter un artiste qui fait ressortir le jus colonialiste et fasciste dans lequel nous baignons encore. Si Costes est condamne, cela revient a couper la main de celui qui pointe nos monstres. Les monstres, eux, peuvent se rejouir!
Decembre 1998.


10) Lettre de Denisse Mathia, artiste

Je trouve scandaleux les accusations a l'encontre de Costes. Ce serait une meprise que de prendre a la lettre ce qui est dit dans le disque "livrez les blanches aux bicots" et de ne pas voir l'aspect conjuratoire de cette composition. Il me semble qu'en attaquant Costes, les parties civiles se meprennent et se trompent de cible. Mes convictions sont aussi de lutter contre le racisme, la violence, mais aussi contre les non-dits, les partis-pris, etc...Luttons contre ceux qui les banalisent, tous les jours, sous couvert et en vertu de la morale bien pensante. J'ajouterai simplement que la transgression des regles, qu'elles soient esthetiques, morales ou sociales, fait partie integrante d'un travail artistique libre. Les exemples sont nombreux et evocateurs : Schield, Sade, Pasolini, Artaud, Genet, jonas Mekas, Baudelaire, Courbet, etc...
Decembre 1998.


11) Lettre de Gaelle Rouard, amateur

Je connais depuis plusieurs annees le travail de Costes. Je pense que ses disques sont des pieces importantes dans la creation contemporaine, et que son expression artistique ne peut en aucun cas etre confondue avec un appel a la violence raciale.
Decembre 1998.


12) Lettre de Frederic Goffin, adjoint du maire de Saul

Je trouve absurde au plus haut point que l'on puisse poursuivre et accuser de racisme un artiste qui, dans toute son oeuvre, n'a cesse de montrer du doigt, de denoncer, de tourner en derision, jusqu'au grotesque, les aigreurs, les rancoeurs, les petites et grandes haines quotidiennes de l'etre humain dont le racisme n'est que l'une des tristes facettes.
Pour cela, et pour la vie que mene, une partie de l'annee, Jean-Louis Costes ici avec les Guyanais, je tenais a vous dire STOP! Vous vous trompez d'adversaire...cette erreur et ce proces deviennent aussi grotesques qu'une oeuvre de Costes.
8 decembre 1998.


13) Lettre de Mathieu Wirchowski, amateur de Costes

J'ai appris avec stupefaction que Costes allait etre juge pour racisme et appel au meurtre. Connaissant son travail artistique, il me semble que l'on se trompe de coupable. En effet, tous ses propos sont un pied de nez aux racistes, integristes et censeurs en tous genres. certes il parle de violence, de haine, mais ce sont celles qui hantent notre monde quotidien. De tous temps, les artistes ont ete le reflet de la societe dans laquelle ils vivaient; Costes egalement. Il tente simplement de pourfendre les a-priori, les prejuges et les diktats sociaux, moraux et educatifs...peut etre es-ce pour cela que la censure se reveillera? En tous les cas, j'atteste que Costes est une personne de bonne moralite et que son travail est tout a fait respectable.
8 decembre 1998.


14) Lettre de Frederic Jalabert, amateur de Costes

Je n'eprouve aucune sympathie pour l'extreme-droite et je suis de longue date connu pour mes opinions anti-racistes. De mere immigree polonaise et de pere militant a la CGT et au Parti communiste Francais depuis son plus jeune age, j'ai toujours ete eleve dans le respect de l'autre. Mon enfance dans les quartiers difficilles de la banlieue lyonnaise m'a conforte dans mon idee d'une France terre d'asile pour tous les opprimes du monde.
Ceci pour dire que si dans vos propos je n'avais decele qu'une infime parcelle de racisme, je n'aurais pas temoigne comme je le fais actuellement.
Mon sentiment est que votre accusation est le fruit d'une regrettable confusion entre votre travail artistique et de veritables propos racistes que l'on retrouve trop souvent actuellement. Vos accusateurs devraient se rendre compte de leur meprise, et concentrer leurs efforts sur des combats plus pertinents.
7 decembre 1998.


15) Lettre de Richard Bokhobza, amateur de Costes

Connaissant assez bien le travail artistique de Costes, je m'avoue tres surpris de sa mise en accusation pour incitation a la violence et a la haine raciale. J'estime son action saine et meme salvatrice (car exutoire). En effet sa violence et cruaute ne sont en aucun cas des incitations a la haine mais un appel a une prise de conscience collective.
Certes ses mots sont durs, crus, jouent avec nos peurs, mais ils ne peuvent etre apparentes aux idees vehiculees par la veritable haine, ennemie de la liberte individuelle.
L'oeuvre de Costes n'est pas vaine. Il nous touche, ouvre les plaies de notre societe. Attaquer son travail, l'accuser d'une quelconque incitation au meurtre, c'est se tromper d'ennemi.
Costes bouscule les idees recues, detruit les shemas dictes par la petite moralite. Costes est une des lumieres de notre societe, quelqu'un de RARE.
Je reste donc persuade que les valeurs qu'il vehicule sont saines et necessaires.
8 decembre 1998.


16) Lettre d'Anna Xia, amateur de Costes

Benjamin Constant, en 1828, ecrivait a propos de la censure : "la censure, violation insolente de nos droits, assujettissement de la partie eclairee de la nation a sa partie vile et stupide, gouvernement des muets au profit des vizirs, est une source de plus d'agitation, de defiance et de mecontentement que la licence meme de la presse ne saurait creer.
Aujourd'hui, a de rares exceptions pres, la censure a generalement ete conservee, meme dans des pays de tradition liberale.
Apprenant avec stupeur le proces de Monsieur Costes pour injure et diffamation raciale, je tiens a dire ici que je soutiens intimement ce garcon tant par mon opposition formelle a la censure que par consideration pour son travail artistique.
En 1804 on ecrivait "Nous retomberions dans une etrange situation si un simple commis s'arrogeait le droit d'empecher l'impression d'un livre ou de forcer un auteur a en retrancher ou y ajouter quelquechose. La liberte de la pensee est la premiere conquete du siecle".
Et quand Louis Surtenaire ecrit "Si vous saviez les choses terribles que j'ai en tete, vous seriez mortellement epouvantes et diriez "c'est epouvantable, c'est comme chez moi".
Faut-il le condamner?
8 decembre 1998.


17) Lettre de Jean-Marie Bec, amateur de Costes

Non, Costes n'est ni raciste ni antisemite ni antisceptique, ni meme terroriste; seulement un agent libre du paysage expressif, maniant une verve crue, nue, rude, voire scatologique et cynique. Et alors? Depuis quand interdit-on les portraits au vitriol? La verve Hara-Kiri etait tout aussi moins tendre dans son humour limite ("Auschwitz, le camp parfait pour une cure d'amaigrissement").
Mais cette ironie, amere, n'est pas nouvelle. Voyons ouvrons Gargantua ou Pantagruel de Rabelais. Examinons ces phrases du XVIeme siecle remplies de tripes, boyaux, merdes et vomissures encers les saintes institutions, sans etre inquiete pour autant. souvenez vous : a l'epoque le grotesque critique et peu serieux rendait derisoire les pouvoirs de l'epoque, avait sa place dans le paysage expressif. A cote du Carnaval et autres Messe des fous.
Costes n'est pas Beaudelaire. Pourtant ce proces fait figure de parent pauvre du proces intente envers les "Fleurs du Mal". Pornographe realiste et morbide.
"Souvenez vous ma mie de cette charogne..."
Et bien ce degueulasse la, depuis, il s'apprend a l'ecole. Alors "Livrez les blanches aux bicots" bientot a l'ecole comme temoignage d'une liberte revendiquant sa propre colere, son vomi contre le vomi alentour, son geste punk ou dada, vitriolant quiconque : pourquoi pas!
Doit-on interdire toure forme de grotesque critique et ironique sous pretexte que ce n'est pas politiquement correct? Comme Goebbels interdisant l'art degenere, Staline le constructivisme piur un art pompier sirupeux. qui dicte de telles barrieres ne peut que s'appauvrir dans sa triste poussiere d'un tombeau s'ecartant du vivant. que Costes soit un batelleur detracteur, qu'il poursuive ses actes d'electron libre qui nous ventilent l'esprit, nous rappellant le "merdre" d'Ubu, face aux honnetes esprits se parant de la vertu des martyres innocents pour se promouvoir. N'oublions pas que la vie est belle; et donc a Costes je dis : "Oui, continue!"
14 decembre 1998.


18) Lettre de Cedric Houvenagel, musicien

Moi, Cedric Houvenagel, en mon ame et conscience, declare etre choque par l'acharnement judiciaire dont Costes est victime.
Je suis profondement anti-raciste et anti-fasciste. Que des associations perdent leur temps et leur energie dans un combat inutile est choquant. Pourquoi ne pas attenter un proces au peuple indien qui arbore des svastikas sur les murs de leur habitation? Ne pensez-vous pas qu'un fasciste se baladant dans les rues de Delhi, interpretera ces croix gammees comme autant de signes temoignant d'une intense activite neo-nazie dans la capitale indienne, se sentant ainsi conforte dans sa position absurde et condamnable?
Je peux comprendre que l'on puisse etre choque par les propos de Costes, le contraire serait genant. Mais on ne peut pas tenir responsable Costes de l'interpretation de son travail. L'artiste n'est qu'un temoin, et son art un temoignage. L'artiste n'a pas d'autre choix que d'utiliser ce que le monde presente a ses yeux pour travailler. Il est triste et condamnable que l'on puisse entendre en France : "les bicots puent". Il est triste et condamnable que la societe amene un artiste a faire un constat aussi abjecte du monde qui l'entoure. Mais il n'est pas condamnable qu'un artiste le fasse (meme si cela reste triste).
Le fait que des propos racistes cotoient des propos scatologiques est une cle suffisante pour interpreter le travail de Costes. "La bouche du raciste est pareille a un anus, ils dispensent tout deux un flux de matiere nauseabonde et repoussante."...Costes est un artiste utilisant l'absurde, le "sale", le degoutant, le "gerbant", la betise, bref, tous les produits d'un intellect reste bloque au stade anal. Il melange cette matiere "fecale" et en fait des oeuvres d'art, des temoignages. Et la brutalite de ces derniers sont autant de gages de la transparence et de l'honnetete de son discours artistique.
Ceci etant dit, il me semble alors logique que Costes y ait inclus des propos racistes. N'oublions pas que le racisme resulte avant tout d'une peur de l'autre, provoquee par la meconnaissance de sa culture, de sa vie, de son individualite. En accusant Costes, les associations font preuve du meme manque d'ouverture et de discernement que les racistes qu'elles combattent. Elles ignorent le vecu artistique de Costes et l'ensemble de son travail.
Costes est un artiste, pas un activiste politique; et si il est louable que des associations regroupent leur force pour condamner le racisme, il est ridicule qu'elles le fassent contre Costes. Ces associations devraient s'estimer satisfaites au regard des informations presentes sur http://costes.org. Costes s'y explique sur son travail, aucune ambiguite n'est possible.
Quelqu'un a dit : "un raciste est quelqu'un qui se trompe de colere". Que la licra, l'uejf, le mrap et la ligue des droits de l'homme ne fassent pas la meme erreur.
10 avril 1999.


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