Costes - Photo Romance

ART GUERILLA


4 - LA NUIT DES ESPRITS

...Et la nuit fut tres longue, atrocement longue.
Les sens maintenus en eveil par les piqures des moustiques et les cris etranges et angoissants des animaux de la foret, je n'arrivais pa a trouver le sommeil.
A peine fermais-je enfin l'oeil que les frolements des ailes des chauves-souris me faisaient sursauter avec effroi, m'arrachant un cri.
Plus la nuit avancait et plus j'avais l'impression d'etre entoure par une multitude d'etres invisibles qui s'agitaient autour de moi, vombrissant, hululant, cassant des branches, s'approchant, m'encerclant, me menacant.
N'y tenant plus j'allumais ma lampe de poche, pensant attraper dans le rayon lumineux quelque bete immonde. Mais le faible halo rond ne revelait que des feuilles, des feuilles et des troncs, encore des feuilles a l'infini; et je me sentais paradoxalement tres seul au milieu de ce grouillant magma vivant de la nuit tropicale.

Soudain "ELLE" fut la, ou "IL" fut la, ou "ILS" furent la, je ne sais pas. Je ne savais ni qui ni quoi mais je savais que quelquechose etait la, quelquechose venu pour moi, pour moi seul.












Quelquechose qui m'observait, me guettait. Quelquechose que je ne pouvais voir ni entendre mais dont la presence etait si forte que j'en etais paralyse, totalement aux aguets mais totalement incapable de bouger.
Cette chose etait un poids, un peche, un reproche.
C'etait comme si Dieu jouait le jour du Jugement dernier rien que pour moi. J'etais le seul a etre juge ce soir. Autour de moi tout le monde s'en foutait; les insectes vaquaient a leurs conneries et les feuilles se balancaient. La routine quoi!
Mais pour moi c'etait la merde, le Grand Soir. "CA" me jugeait et "CA" allait me faire payer. Payer tres cher. Car "CA" ne rigolait pas du tout et irait jusqu'au bout (pas la peine de le baratiner).

Et je hurlais. Je hurlais sans cesse, recroqueville dans le hamac. Je hurlais si fort que meme les singes hurleurs se sont tus, saisis d'effroi a leur tour.
Et l'aube se leva et je hurlais toujours.

Et ce fut seulement quand le soleil eut desseche ma gorge que mon cri s'eteignit peu a peu, tari, epuise, eteint.
J'avais tout crie.
J'avais crie tout ces cris restes en moi et que je n'avais pas crie la-bas, en ville, dans mon autre vie, les cris contenus par peur, par politesse, par honte, parce que...
Et la, cette nuit la, "CA" m'a fait si peur; tout est sorti; tous les cris, toutes les peurs, toutes les horreurs...
et quand le matin vint, je n'avais plus rien a crier.

LA SUITE DE CETTE PASSIONNANTE AVENTURE...

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Costes 1997